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Les périples du dragon rouge
16 décembre 2020

Voyage à vélo de septembre 2020

Dimanche 13 septembre 2020

 

Il est presque 10 heures quand je chevauche mon vélo bardé de quatre sacoches pleines de deux semaines de vivre. Il est presque 10 heures et je rumine de rage, de colère et de stress. Ca ne change pas beaucoup de mes autres départs. Rien ne va. Le vélo couine, grince et j’ai dû le regonfler ; je suppose une crevaison lente. Je profite pour ajouter une chambre à air dans mon paquetage et je règle, tant bien que mal, mes freins avants. Il y a du jeu dans mes moyeux et ma chaîne est colmatée. Je verrais en cours de route.

1 - voie verte après Bain de Bretagne

12h26, 40km de fait, je m’arrête pour déjeuner. Je ne sais toujours pas quelle route je vais prendre ; il y en a tellement. Plusieurs possibilités s’offrent à moi ; poursuivre jusqu’à Châteaubriant, trouver la nouvelle voie verte et découvrir où elle mène, piquer vers le Sud par les petites routes pour rattraper la Loire à vélo ou contourner Angers par le Nord comme je le fais souvent. Je pense que j’irai dormir sur les bords de Loire …

 

Après la triste découverte de l’état du câble de dérailleur, je dormirai chez moi.

Retour au bercail pour des réparations et un nettoyage du dérailleur et de la chaîne. Demain sera un autre jour.

 

Lundi 14 septembre 2020

 

Il n’est pas 8 heures que j’ai déjà roulé 10km. Je gère les efforts et ma vitesse moyenne reste constante. Ce jour, je me dirige vers la Loire au plus court, pourtant, arrivée à Issé, j’ai hésité. J’eusse pu prendre par Moisdon la Rivière et couper par les petites routes pour attraper la Loire en soirée mais, où allais-je déjeuner ?

2 - pause Sainte Anne sur Vilaine

Finalement, la Meilleraye de Bretagne m’offrait un petit parc pour déjeuner tranquillement. De plus, malgré le flot de véhicules à venir, je devrais toucher la Loire dans l’après-midi. A partir de là, le voyage sera plus détendu.

3 - La meilleraye de Bretagne

Nouveau soucis, mon low-rider (porte-bagages avant) n’est pas décidé à rester en place. S’il tient jusqu’à l’île de Challonges, je connais un endroit où il y a du bambou sur le bord de la route. Il ne me reste plus qu’à trouver de la ficelle pour une réparation de fortune.

4 - La Loire après Ancenis

J’ai oublié les sardines de mon tarp. J’utiliserai celles de ma tente et, une idée me germe en tête ; si, au lieu d’utiliser ma double tente, j’utilisais le tarp ?! Il faudra que je teste pour mes futurs voyages.

5 - La Loire

 

Je suis à Varades à 16 heures. Il fait 37°C. Je m’asperge d’eau pour me rafraîchir et en profite pour refaire le plein des gourdes. Je m’enfilerais deux tasses de 450 ml de chocolat et finirais par une sieste de 30 minutes. La chaleur, ça tue son homme.

A 19 heures, je dinerai à la Possonière sans savoir si je reprendrais la route pour m’avancer ou resterais dormir sur place. En attendant, mon riz et mes haricots rouges m’attendent.

 

Avec mon dîner, j’ai fais le plein d’énergie et j’ai roulé. Envahi par pléthore d’insectes volants, j’ai dû garder mes lunettes de soleil pour m’en protéger. La nuit était là, dansant avec mon âme d’enfant et les pédales tournoyaient, faisant avancer mon attelage plus vite qu’à n’importe quelle heure de la journée. Les bords de Loire sont plats. Un léger vent de dos me poussait à continuer de l’avant et même si je sentais mes forces m’abandonner peu à peu, je trouverai mon bivouac, en plein nuit et sur un sentier escarpé, du premier coup ; l’habitude, sûrement.

6 - Bivouac Saint Rémy la Varenne

Il sera 23 heures quand je me coucherai mais sans possibilité de dormir malgré la fatigue. Je somnolerai, cherchant ma position,me maudissant de ne pas m’être lavé avant mais tous ces insectes m’énervaient de trop. Résultat : mauvaise nuit et certainement une journée à souffrir sur le vélo. (179km de fait dans cette journée)

 

Mardi 15 septembre 2020

 

7 - La Loire Saint Rémy la Varenne

Le coup de barre du second jour, j’aurais dû m’en douter. Chaque fois que je dois partir, il y a le stress qui s’installe ; peur d’oublier des choses. Généralement, j’essaie de bivouaquer sur les bords de Loire soit au minimum au bout de 100 km. J’ai mes lieux de bivouac privilégiés, ces endroits où je me sens à l’aise, presque chez moi et je commence toujours par l’un d’eux pour avoir une nuit réparatrice mais ce n’est pas toujours le cas. On en arrive donc à ce coup de barre du second jour. La première journée ayant été exténuante et la chaleur infernale, j’avais besoin de passer une bonne nuit mais ce ne fut pas le cas et, au petit matin, malgré un départ juste avant 9 heures, ce fut dur de rouler. Une chance, jusqu’à Saumur, la route reste plate. Petite pause chocolat et tartine de pain sucré à la farine complète et je repars sur les coteaux de la Loire et, bien entendu, en me trompant de route. A midi, je ferais ma pause déjeuner avec 45km au compteur. Il fait déjà 28°C et il me reste 100km pour mon prochain bivouac. Vais-j y arriver ? Si j’y arrive, les prochaines étapes seront nettement plus courtes.

 

16 heures, 90km, la chaleur est étouffante. Je suis déshydraté et certainement pas loin du coup de chaleur . Je m’arrête à des toilettes publiques et je commence à m’asperger tout le corps. Je bois beaucoup mais ça me fait mal au ventre. J’ai la tête qui tourne, j’ai envie de m’allonger mais l’endroit ne s’y prête pas. Je vais donc prendre sur moi et faire un petit km de plus pour trouver un coin à l’ombre sur le bord d’un ruisseau et m’allonger dans l’herbe. Je ne trouve pas le courage de me faire un petit chocolat mais après une demi-heure de sieste, je remarque qu’il me réhydrate bien. Je m’en préparerais un bidon avant de repartir. On m’a invité à prendre une douche et une bière. J’ai refusé l’offre sinon je n’aurais jamais pu repartir.

 

A 20 heures, j’ai déjà parcouru 129km et je pense qu’il doit m’en rester 25. Je vais manger et voir si je peux repartir, enfin, voir est un bien grand mot car la nuit s’annonce et je repartirai avec les lumières allumées.

 

23 heures, 156km et j’arrive sur mon lieu de bivouac. La douche étant inutilisable, je me laverais au lavabo, montage de la tente et dodo. Un dodo assez agité, certainement dû à la chaleur.

 

Mercredi 16 septembre 2020

 

8 - Petit déj' Antigny

Il est 7 heures quand je décide de me lever. Je plie et m’installe à une table de pique-nique pour le petit-déjeuner. Certes, mon étape du jour ne représente que 80 km mais je crains la chaleur dans les forts dénivelés. Je m’arrêterai déjeuner, sur les bords de la Brame, ne sachant pas quand repartir car il fait encore très chaud et le plus dur est à venir.

Reparti à 15 heures, je m’arrêterai à nouveau à 16 heures me rafraîchir dans la Gartempe à Châteauponsac. J’y ferai une heure d’arrêt et une rencontre, un autre voyageur mais à pieds avec son cheval. Il attendra de passer l’hiver chez des amis pour repartir au printemps vers Saint Jacques de Compostelle.

9 - La Gartempe à Chateauponsac

18 heures, je suis à Saint Pardoux et ils interdissent l’accès aux toilettes publiques, heureusement, le cimetière est à côté. Après avoir fait le plein des gourdes, je me dirige vers les rives du lac où j’ai l’habitude de bivouaquer. L’orage grogne mais il ne gronde pas encore. Ce soir, ce sera couchage dans le hamac. Je m’y sens plus à l’aise quand il y a de l’orage.

Finalement, je monte mon tarp assez rapidement. Une discussion entre les arbres indiquait qu’il allait pleuvoir et ils n’avaient pas tord, à peine ai-j fini de monter mon tarp qu’il commence à pleuvoir. Je finirai de faire chauffer ma tambouille à l’abri et la dégusterai assis dans mon hamac en regardant l’eau tomber à verse et ruisseler vers le lac.

 

10 - Bivouac lac de Saint Pardoux

20h20, je m’allonge dans mon hamac et y passerais quasiment les 11 heures à suivre, et encore, à 7 heures, le lendemain matin, j’y serai bien resté quelques heures de plus. A midi, en roulant tout doucement et en profitant de la fraîcheur, je m’arrête au vingt-cinquième km pour déjeuner et faire sécher ce qui en a besoin. Je me suis connecté à une borne wifi et, la météo s’annonce maussade pour la semaine prochaine. L’océan sous la pluie ?

 

11 - Saint Martin-Terressus

Ce jeudi 17 septembre est une journée comme je déteste en passer. Je roule 100km en boucle pour des clopinettes. Je me fais mal pour rien. C'est une journée de torture physique et psychologique.

 

Vendredi 18 septembre 2020

 

Malgré une arrivée tardive sur mon lieu de bivouac, 2h30 du matin, je finirai mon petit pot de confiture framboises-pommes, faite maison avec mon pain à la farine complète. Je n’en suis qu’à mon cinquième jour de voyage et je remarque que mes vivres baissent rapidement. Je m’endormirai sitôt couché pour me réveiller 5 heures plus tard.

Réveil en douceur, au rythme de la nature et tentative de baignade mais je ne peux pas dépasser la hauteur des cuisses ; blocage certainement dû à la fatigue. J’en profiterai, tout de même, pour me laver et pour faire une lessive.

12 - Lessive lac de Saint Pardoux

Pour la lessive, il suffit d’avoir un petit sac étanche de 10 litres. On ne le charge pas trop de linge. On remplit au trois quart d’eau. On y ajoute un savon de Marseille et on secoue après avoir bien refermé le sac. On enlève le savon de Marseille. On le frotte sur les habits qui sont trop tachés et on re-secoue mais sans le savon de Marseille. Au bout de quelques minutes, on évacue l’eau savonneuse et sale qu’on remplace par de l’eau claire pour effectuer le rinçage. Deux rinçages sont souvent nécessaires. On essore à la main et on étend son linge.

 

Mon électronique fait encore des siennes. Je pensais avoir réglé le problème avant de partir mais avec les vibrations du voyage, des fils se sont dessoudés. Ma batterie externe recharge bien mon GPS mais n’offre que 2 % de vie supplémentaire à mon téléphone. J’ai dû l’éteindre et c’est franchement dommage car j’aurais aimé partager ses petits moments nature avec sa faune bien plus accueillante et curieuse que l’être humain. Et pendant que j’écris ces lignes, un écureuil vient voir ce que je fais. Et comme la loi des séries s’applique toujours aux mauvais moments, je n’ai pas de cartouche de rechange pour mon Pilot V5 (stylo). Heureusement, j’ai emporté le critérium.

En résumé, je passe du feutre au HB. Mon régulateur recharge mon GPS mais celui-ci n’a ni tracé ni carte. Le téléphone étant éteint, adieu les photos donc je vais continuer comme pour mes premiers voyages, sans rien, juste avec ma mémoire et mon sens de l’orientation. Par chance, pour une fois, j’ai de l’argent avec moi, au cas où j’ai une fringale et que mes vivres sont épuisées. En fait, c’est maintenant que va commencer la vraie aventure. Par contre, j’espère qu’elle ne sera pas trop pluvieuse.

 

Je pars après déjeuner, il n’est pas encore 13 heures. La température est encore caniculaire, plus de 30°C. Même si j’ai pris la matinée pour me relaxer, la fatigue est bien installée. Ce n’est pas grave, rien ne presse, en plus, les vents est contre moi mais je l’apprécie ainsi, il m’apporte un peu de fraîcheur. Mes pensées fusent et je redécouvre des endroits où je suis déjà passé quelques années auparavant.

Lorsque je roule, plein d’histoires me passent par la tête. Certaines mériteraient d’être écrites, malheureusement, elles ne sont que passagères et s’estompent au grès des paysages mais, une BD m’est revenue en tête, une BD que je lisais quand j’étais petit. Elle était publiée au format journal de poche mais je ne me souviens plus dans lequel. Son titre : la guigne ! C’était l’histoire d’un coureur cycliste à qui il arrivait toujours quelque chose jusqu’au jour où, j’ai cru qu’il allait enfin gagner une course mais, sa roue avant se fit la malle et il resta planté à un mètre de la ligne d’arrivée en grommelant et surtout, laissant le peloton ravir sa place.

 

Juste après cet intermède, les températures commencèrent à baisser jusqu’à perdre 10°C et la pluie arriva. J’ai trouvé un abri pour dîner mais il faudra que je reparte pour trouver un bivouac où passer une nuit tranquille.

 

Samedi 19 septembre 2020

 

La nuit fut bonne. La pluie s’en était allée bien avant que je ne me réveille. Je pensais devoir plier ma tente humide mais il n’en était rien. Je roule en suivant des panonceaux en direction de Ruffec. Je ferais une pause juste avant pour rallumer mon téléphone et envisager la suite de mon périple. Je prendrais les petites routes pour rattraper la Vélofrancette mais je ne vais pas devoir me perdre, je n’ai que quelques jours de vivre et je ne trouve pas assez de fruits sur mon chemin pour combler ce déficit.

Lorsque je traverse Ruffec, il y a un marché. Je me suis dit : « Chouette, pas besoin de masque ! » En temps normal, j’ai du mal avec les gens mais là, les voir se suivre en file indienne, tous dans le même sens et portant tous des masques, j’ai visualisé ma dernière visite dans un abattoir. J’ai tracé ma route sans m’arrêter.

Le déjeuner fur pris dans un vieux lavoir. J’y ai apprécié la charpente et ses roues entraînant de vieilles pompes qui devaient puiser l’eau pour que les lavandières puissent laver leurs linges. Ces magnifiques roues qui me mirent au tapis d’un coup de manivelle. Comme si, avec cette chaleur, j’avais besoin d’un œuf de pigeon sur la tête. La suite ?

13 - Lavoir d'Embourie

Gros trou de mémoire !

Non. Je roule sur de petites routes même sur une laie forestière où je m'arrête pour me changer et me rafraîchir. Ensuite, je roule contre la montre ou contre ce gros nuage orageux, chargé de pluie et grondant qu’il passerait devant moi. Finalement, je le laisserai prendre l’avantage et m’arrêterai manger poire et raisin dans un jardin public. Il y a aussi des aromatiques mais j’oublierai d’en prendre pour ma popote du soir.

Bivouac dans les marais avec un ciel incertain, je croise les doigts pour que la nuit se passe bien. En plus, j’ai trouvé de la lecture sur le banc d’un abri bus, je vais pouvoir lire un peu.

 

Dimanche 20 septembre 2020

 

La nuit fut calme quoique des rêves et des pensées vinrent mouvementer mon sommeil. J’esponge la rosée, avale un chocolat et deux tartines de pain à la farine complète et je mets le cap sur La Rochelle. Mon téléphone est totalement déchargé mais en roulant, j’arrive à le rallumer quelques instants pour envoyer un message à mon pote lui disant que j’arriverai à 13 heures chez lui. A quelques km de chez lui, il viendra à ma rencontre à vélo, m’annonçant qu’il avait essayé de me joindre sans résultat. Nous déjeunerons, nous papoterons et nous irons à la plage mais sans se baigner, l’orage éclatera au même moment.

Soirée cool et je prendrai le départ le lendemain, en suivant la côte, pour rentrer, en essayant d’éviter les gouttes malgré un temps incertain.

 

Lundi 21 septembre 2020

 

14 - Au loin, l'océan !

J’ai envie d’une pizza et je me dis, dès que je trouve des pizzas à emporter, j’en prends une. En passant devant, je n’en ai plus envie mais quelques centaines de mètres plus loin, l’envie revient à la charge mais non, je ne ferai pas demi-tour et il me reste des provisions.

15 - la côte vendéenne

Pour le moment, j’évite les gouttes. Je m’arrête à midi, sur le bord de la plage de Longeville, sous les arbres, et je sors ma popote. Il n’a pas fallu longtemps pour qu’il se mette à pleuvoir. Je suis breton. Je n’ai pas peur de la pluie mais après avoir manger, les sentiers sablonneux tirent sur mes jambes et le sable n’a jamais été ami avec ma transmission ; elle déguste. Cela ne durera pas et le soleil reprendra rapidement sa place dans le ciel.

16 - A l'approche des Sables d'Olonne

Aux Sables d’Olonnes, je reste discuter avec un artiste de 73 ans qui a, en partie, dessiné les plans de l’esplanade. Il est même fier de me dire qu’il a rencontré le président des états-unis. Je ne lui demande pas lequel car pour moi, tous les présidents se valent.

Je passe deux fois devant une pizzeria à Saint Gilles Croix de Vie mais je ne trouverai pas le courage de m’arrêter et d’entrer commander. Je continue donc mon chemin et je ferai ma popote du soir sous l’éclairage d’un lampadaire.

17 - Bivouac Notre Dame de Monts

Je monte ma tente à minuit, dans la forêt domaniale de Notre Dame de Monts.

 

Mardi 22 septembre 2020

 

Au petit matin, j’investirai une boulangerie pour me repaitre de viennoiseries. Depuis le début de mon voyage, j’ai toujours fait attention à mon alimentation mais là, tel un alcoolique qui replonge dans sa bouteille, j’engouffre pain au chocolat, pain aux raisins et suisse au chocolat. Je m’en veux d’avaler tous ses sucres raffinés et je m’en veux aussi de les avoir avalé si vite, c’est si bon. Je veux y retourner mais je serai courageux et je reprendrai ma route laissant ces délices empoisonnés à d’autres.

18 - Port du Bec

19 - port du Bec

20 - port du Bec

21 - port du Bec

22 - port des Champs

23 - port des Champs

24 - port des Champs

J’essaie de suivre l’océan au plus proche mais, je me suis encore trompé de chemin qui me ramène dans les terres ce qui me permet de faire une nouvelle rencontre, un cycliste. Il roule bien, il roule fort mais surtout, il me protège du vent quand je suis dans sa roue. Pourtant, je souffre. Ma respiration augmente rapidement, mon cœur certainement aussi. Et mes jambes ? Vont-elles tenir mes jambes ? Ou vais-je me trouver amorphe, sans force, au milieu de nul part ? Quand les forces me quittent, c’est généralement dans des endroits les moins propices ou en pleine nuit. Il se retourne, vient à côté de moi et nous commençons à discuter à … 32km/h !!!

25 - port du Collet

Ce n’est pas comme si j’étais chargé et que d’un coup, je me prenais le vent dans la tronche parce qu’il venait se mettre à mes côtés (les cyclistes comprendront, être dans une roue protège du vent mais quand le cyclyste que vous suivez s'écarte, c'est si vos freins se mettaient à freiner tout seul, d'un coup)… Là, j’ai mal aux jambes et je me souviens de leur existence. Le souffle court, j’alimente la conversation comme si je ne souffrais pas. Et, il me dit qu’il va me servir de pilote. Il repasse devant, je plonge dans sa roue. 34km/h ! Ca reste supportable dans son aspiration mais lors d’un virage, je me décale de seulement quelques centimètres. Je perds automatiquement son aspiration. Je force pour la reprendre mais mes efforts son vain. Je perds de la vitesse et du terrain.

26 - port du Collet

Mince, le port du Collet n’est qu’à quelques kilomètres. Il se retourne et, il ralenti, vient s’excuser et reprend son rôle. Une fois changé de direction, vent plus dans le dos, nous reprendrons notre discussion. Au port du Collet, nous nous arrêtons pour parler encore. Je reste sur place pour manger et il rentre chez lui, sur Pornic. J’y vais moi-aussi mais un peu plus tard. 30 km/h, c’est un peu trop rapide pour moi et surtout, je suis là pour me délecter de l’océan donc, je préfère prendre mon temps.

27 - port du Collet

 

J’appelle Tony, un pote qui habite Pornic pour lui dire que je passe le saluer et, à l’entrée du port, je fais une pause et prends quelques photos. Un navigateur du dimanche a échoué son voilier sur les rochers. Les moqueries vont bon train et la foule s’amasse. Quel spectacle ! Je pense que le propriétaire du voilier a dû voir passer les photos de son échouage sur tous les réseaux sociaux.

28- Pornic

29 - Echouage

 

Après ma visite chez Tony, je file par les sentiers pour m’extirper de la ville et reprends les départementales avec un regain de forme. J’ai le vent qui me pousse mais cela n’explique pas pourquoi mon compteur oscille entre 28 et 30 km/h. Je continue à appuyer sur mes pédales, je verrai bien quand mes forces me lâcheront.

30 - Pornic

31 - Pornic

32 - Pornic

Malgré quatre sacoches et un vélo de voyage qui n’est pas des plus léger, je me dirige à vive allure vers la Loire et je peux déjà entendre les moteurs du bac qui me permettra de traverser ce fleuve tumultueux. Je fais une pause pain-camembert en attendant le bac et je m’aperçois que des milliers de mulets (poissons) montrent leur ventre. Serait-ce encore lié à une énième pollution provoquée par l’activité humaine ???

 

Je repars, après avoir traversé la Loire, à travers les marais avec toujours autant de force dans les jambes. L’air iodé m’aurait-il redonné mes super pouvoirs ? Toujours est-il qu’à Blain, soit 60 km plus loin, je roule toujours aussi bien. Je ne m’arrête même pas car je ne trouve plus le bouton « off » de mes jambes qui continuent inlassablement d’appuyer sur les pédales. Il faudra pourtant que je m’arrête à un moment, ne serait-ce que pour refaire le plein des gourdes. Et la nuit tomba, en même temps que mes forces. Mes jambes fonctionnent à l’énergie solaire. Je devrais être content, j’ai des jambes vertes. Mais voilà, je suis arrêté à 30 km de chez moi, même si j’ai ce qu’il faut, je ne vais pas bivouaquer aussi proche du but.

Je bois, soulage ma vessie, me prépare un chocolat, mange de la brioche acheté le matin dans la boulangerie avec une tablette de chocolat noisettes, je marche et fais une estimation de mon heure d’arrivée en roulant au ralenti. Pendant de nombreux kilomètres, j’ai roulé sur du plat avec seulement quelques petites bosses ça et là mais plus je m’approche de chez moi et plus le dénivelé devient important. La nuit est là, le ciel est menaçant et mes forces semblent vouloir prendre des vacances. J’envisage même de faire marcher à côté de mon vélo dans les côtes mais je veux rentrer chez moi, prendre une douche et dormir dans mon lit.

J’enfourche mon vélo, laisse les lumières de la ville derrière moi et m’enfonce dans la nuit. Mes jambes continuent inlassablement leur travail. J’en suis presque étonné mais je vais en profiter pour rentrer encore vite plus sans que rien ne puisse m’arrêter. Bah si ! Il ne reste que 10 km pour rallier l’arrivée et la pluie se met à tomber. Sa froideur me glace les sangs et me tétanise les muscles. Me voilà arrêter net sur le bord de la route, sous un chêne comme office de parapluie. Je revêts ma tenue de pluie et repars tranquillement vers ma destination finale.

 

Il n’est pas minuit et je suis enfin chez moi. (Après seulement 189 km parcouru dans la journée)

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Commentaires
C
Toujours aussi plaisant à te lire
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