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Les périples du dragon rouge
22 octobre 2018

Bruc sur Aff - Saint Léonard de Noblat (en beaucoup plus de temps qu'il n'en faut pour l'écrire)

Lundi 24 septembre 2018, départ pour Saint Léonard de Noblat pour rendre visite à mes filles et leur apporter queques affaires.

Ce qui ne devait être qu'une formalité de quelques jours s'éternisa bien plus que je ne l'aurai souhaité.

Tout commença par une belle journée ensoleilée, quoique qu'un peu venteuse. Je me dirigeais avec mon paquetage vers la voie verte qui me mènerait à Châteaubriant.

IMG_20180926_100615A cette saison, la voie verte affiche de belles couleurs.

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Jusque là, tu roulais bien même si je m'étais rendu-compte que j'avais oublié mes épingles à linges. Elles me servent quand je veux faire tenir mon linge sur mon vélo lorsque je roule; ça sèche plus vite et pour maintenir ma couverture de survie autour de mon hamac en toile de parachute. La particularité de ce hamac c'est qu'il ne prend pas de place mais en étant super léger, il ne protège pas du vent ni même de la chûte de température qui survient dans la nuit donc, ma petite astuce a été de rajouter une couverture de survie que j'attache à l'endroit où je mets mes pieds et lorsque le froid arrive, je tire dessus et la couverture de survie glisse sur le hamac comme la chaussette sur un pied.

A la pause déjeuner, j'étais là !

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Une chose est bien avec les voies vertes, c'est qu'elles sont généralement bien protégées du vent, du coup on progresse sans trop de difficulté Jusqu'à ...

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Je comprends que ce passage soit privé et que nous n'avons qu'une simple autorisation et le bon vouloir du propriétaire pour passer et qu'il faille entretenir certains troçons de cette voie verte mais pourquoi ne préviennent-ils pas avant comme ils font avec les automobilistes et pourquoi n'y a-t-il pas de déviation mise en place ???

Bon, heureusement que j'aime l'aventure et que je sache me diriger pour trouver le meilleur chemin sans le rebrousser.

Finalement, j'arrive enfin à Châteaubriant.

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J'ai passé 6 ans à Châteaubriant et j'ai eu du mal à retrouver son château, incroyable. En plus, ce n'est que l'arrière du château, sa chapelle, à côté de la partie en ruine. Elle fut longtemps interdite au publique car une pierre s'est décrochée du rempart et à tué un piéton.

Pour la petite histoire, quelques temps avant que cela ne se passe, une jeune fille de 14 ans avait été tué et jeté dans un fossé à quelques km de la sortie de Châteaubriant. Pour connaître la corrélation entre la mort du passant et la mort de la jeune fille, il fallait habiter Châteaubriant et en connaître les moeurs aux moments des faits. Cet homme avait été suspecté mais sans preuve ... Disons aussi que dans chaque ville suffisamment conséquante il y a des traffics en tout genre. Réglement de compte ???

Fermons cet apparté qui appartient au passé et continuons la route. Justement, à partir de là, les souvenirs refirent surface. Je pris donc une route que je n'avais pas emprunté depuis 15 ans. Je ne sais pas si c'était une bonne idée car en 15 ans, les voitures se sont multipliées sur cette route et ma petite départementale, jadis tranquille, est devenu une route assez dangereuse pour le cyclotouriste.

De petites routes en petites routes, je jouais avec le vent. Avant, je m'énervais en un rien de temps mais bizarrement, depuis quelques temps, j'arrive à contrôler cette envie folle de fracasser la tronche d'Eole sur le bitume et de vouloir passer et repasser dessus. Je respirais, repartais dans mes pensées et ne regardais pas mon compteur. De toute manière, j'arriverais à destination.

La Loire se rapprochait mais il fallait encore traverser quelques patelins en périphérie d'Angers et, à l'heure de pointe, ce n'est pas forcément quelque chose de très apaisant. Mais, un cycliste passant par là, je pris, dans un premier temps, sa roue et on se mit à discuter. Un concert de klaxons s'en suivit mais le code de la route précise que nous avons le droit désormais de rouler à deux de front alors nous continuons notre  conversation.

La Loire traversée, le dénivelé n'allait pas être très important pendant un long moment mais le vent devenait de plus en plus énervant, en plus, il me refroidissait. Tenir bon, ne pas s'énerver ...

Loudun était passée, j'allais pouvoir me diriger vers la ligne verte pour y passer la ligne. Juste une quinzaine de km et j'installerai mon bivouac. Tiens, c'est quoi c'est lumière clignotante au loin ??? Pompiers ??? Juste à la centrale nucléaire de Chinon ! Allais-je passer la nuit et me réveiller le lendemain en un seul morceau ? Il y a du vent, la nuit est tombée, la fatigue est au rendez-vous, je ne peux plus avancer pour aller planter ma tente à l'abri ... Nous verrons demain ...

La nuit fut venteuse et raffraîchi énormément l'intérieur de la tente. Le sommeil fut cahotique mais apparemment, la centrale n'explosa pas. Par contre, je ne saurai pas pourquoi il y avait les pompiers.

C'est avec un vent insistant que je repris mon chemin sur la ligne verte. Heureusement, là aussi, elle devient abritée du vent et s'est un régal de s'y promener.

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Cette deuxième journée allait me rapprocher de ma destination finale en passant d'abord par le Clain

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et en finissant sur les rives du lac de Saint Pardoux où je passerai une nuit bien plus tranquille quoiqu'avec un réveil à 4h30 du matin par le brâme d'un cerf.

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J'arriverais à Saint Léonard de Noblat le mercredi matin par un temps ensoleillé et de splendides vues sur le limousin.

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Et c'est là où tout se gâte ! Les filles sont heureuses de retrouver leur papa. On va faire un tour au skatepark pour essayer les roller. Sélène joue cap ou pas cap avec son père et bizarrement, alors que je ne suis jamais tombé dans ce jeu que j'ai toujours trouvé débile, me voilà en train de glisser à pieds joints sur la rampe de skate. D'un coup, la semelle de ma chaussure gauche retrouve du grip et se met à freiner entraînant ma cheville dans une déviation non naturelle et le temps que je me rende compte que ça allait faire mal, j'entendis un triple crack. La douleur a suivi mais un grand désarroi s'empara de moi. Ce n'était pas possible ! Je ne pouvais pas me blesser. Pas ici, pas moi ! Bon, on va faire comme avant, jouer la comédie et se remettre sur pieds quand la douleur sera passé. Mais ... Elle passe quand la douleur ? Non ??? Je me suis pété la cheville !!!

Finalement, je suis rentré à l'appartement de la grand-mère de mes filles à cloche-pieds. Je me suis concentré pour faire passer la douleur et ma cheville gonflait à vue d'oeil. Pour quoi elle gonfle ???

Lorsqu'on appelle pas les pompiers directement, il est très difficile d'avoir un toubib qui veuille bien se déplacer. Qu'aurai-je été faire dans un hôpital ? Et surtout, comment en serai-je revenu ???
L'accident est arrivé le jeudi et la seule toubib qui ait bien voulu se déplacer est passé me voir le samedi. Il m'a fallu attendre jusqu'au mercredi suivant pour avoir des béquilles, comme si ça pouvait m'empêcher de bouger ??!!! Ca a bien failli car le mollet de la jambe gauche était à la limite de la contracture quand on m'a apporté les béquilles.

Je voulais rentrer alors je suis descendu à la cave et j'ai enfourché mon vélo. Rien qu'à essayer de l'enfourcher, c'était un challenge quasiment titanesque et lorsque j'ai voulu pédaler, la douleur m'a rappelé à l'ordre. Je fulminais. Comment une personne comme moi pouvait devenir aussi impuissante. Moi, qui malgré un tibia cassé continuait de marcher, partait travailler avec un poignet cassé ou jouer au foot avec un orteil cassé ... En plus, la cheville n'était même pas cassée, ce n'était qu'une entorse. D'habitude, c'est déboire m'arrive quand je suis chez moi ou pas très loin de chez moi et je trouve toujours une astuce pour pouvoir continuer mais là, je n'avais rien, j'étais parti avec le strict minimum et je m'en faisais pour mon retour. Si le froid arrivait, arriverai-je à rentrer avec le peu de vêtements que j'ai emporté ?

Il m'a fallu une semaine avant de pouvoir refaire du vélo, non sans douleur, avec une grosse frayeur sur une côte (ça grimpe dans le limousin), et une semaine de plus pour enfin dire avec un grand sourire : "Demain, je rentre ! "

Le sourire, c'est parce que je redevenais fort et qu'enfin, j'allais pouvoir redevenir celui que j'étais avant, un être indestructible que rien n'arrête ! Mais, mes filles ne l'ont pas vu avec le même oeil. Elles étaient heureuses que papa soit là. C'est dur d'être papa en fait et on ne peut pas se dédoubler. Il y a toujours des choix pénibles à faire dans la vie !

Enfin le retour ! Les premières côtes à plus de 15% ne m'ont même pas fait vacciller. Pourtant, mon vélo s'était quelque peu désaccordé et les vitesses craquaient mais, même si je déteste ça, je devais composer avec. Il faisait beau, le vent quasiment nul et juste après Ambazac un cycliste me salua et commença à me questionner. Il voulait se lancer dans l'aventure des road trip à vélo et nous roulâmes jusqu'au lac de Saint Pardoux ensemble. En parlant, la cheville se tut un peu et au fur et à mesure que les km défilaient, la douleur fut de plus en plus minime.

Deux jours avant mon départ, j'avais roulé de Saint Léonard de Noblat à Bujaleuf. Sur la route, j'avais entendu les arbres dire que ce qui approchait était de mauvaise augure. A Bourg-Archambault, pendant une pause, j'entendais les étourneaux se prendre le bec pour savoir quand ils allaient rentrer. " Le Vent est au sud ! Il fait encore chaud ! On ne pourra pas lutter contre se vent ! Faisons plus de provisions ! ..." Sur ce, quelques groupes repartir dans différentes directions. D'autres revinrent et les discussions reprirent mais rien n'aboutit. Les groupes repartaient encore. Ceux qui restaient se tûrent au moment où il vivrent que je les écoutais.

Cette première journée de retour m'emmena jusquà Lauthier où je dormis à côté de sa chapelle où l'horlaoge indique sept heures moins dix depuis ... En fait, je n'en sais rien depuis quand elle est arrêtée mais ça fait des années que je la vois indiquer la même heure. Juste à côté reposent des nonagénaires. J'ai vérifié, il n'y a aucun centenaire et très peu sont morts en dessous des 90 ans sauf quelques hommes qui sont tombés sur les champs de bataille. C'est bizarre à quel point un simple cimetierre peut nous faire voyager dans le temps voire dans une autre dimension.

127 km, presque 1500 m de dénivelé positif à une moyenne dépassant les 15 km/h, avec une entorse à la cheville gauche, j'étais assez fier de moi. J'ai dormi cette nuit-là dans mon hamac, sous la voûte étoilée mais plusieurs fois je me suis réveillé dans la nuit; elle était silencieuse !

Le deuxième jour m'emmena jusque sur les bords de la Loire avec un passage obligé sur la ligne verte pour déjeuner.

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Un vent quasiment nul, un soleil qui réchauffe le corps et le coeur la journée se déroula sans anicroche jusqu'à l'arrivée sur le lieux de mon bivouac.

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Au milieu de la Loire, sur le banc de sable, se dresse un abri de chasseur qui a disposé tout un tas de canards en plastique. Une famille de cygne navigue sur ses eaux calmes et donc les canards ne s'y arrêtent pas, au désenchantement du chasseur qui fini par venir me voir et me dit qu'il reviendra le lendemain matin.
Le lendemain matin, le jour n'était pas encore levé, le chasseaur était revenu. Il alluma sa cacophonie, mit en branle ses canards en plastique et attendit patiemment que je m'en aille. Tant que j'ai là, les canards ne s'arrêtaient pas mais au moment où je suis parti, j'ai entendu un coup de feu suivi de deux autres. Je me suis posé la question de ces coups de feu à répétition. Le bruit devrait faire fuir les canards ?! En fait, un coup de feu s'entend à plusieurs km et comme à moins de 5 km il y a une réserve où nichent des milliers de canards, les chasseurs tirent en l'air pour les effrayer. Le canard, dès qu'il entend un coup de feu, prend peur et panique partant dans tous les sens sans savoir où il va et dans cette cohue, le chasseur peut en descendre quelques uns. VIVE LA CHASSE !!! Quel sport honorable !!!

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Saint Mathurin sur Loire au petit matin, c'est là, juste avant de traverser le pont que j'ai compris leur manège en croisant le regard de plusieurs canards qui venaient d'entendre les coups de feu.

Je quittais la Loire pour partir le plus au nord possible. Un vent du nord assez fort était prévu pour la journée alors, avant qu'il ne souffle trop fort, je prenais les devant ensuite, je partirais à l'ouest avec un vent trois quart dos. J'ai roulé presque 170 km sans trops faire de pause car ça faisait 4 jours que ma soeur ne répondait au téléphone et ça en devenait inquiétant. J'imaginais bien les chats en train de dévorer sa carcasse après une chute dans les escaliers. En fait, son téléphone avait un problème de connexion et après un redémarrage, tous ses messages arrivaient. vive la technologie !

Bon, maintenant que je suis de retour chez moi, il faut que j'oeuvre pour mon prochain voyage !

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Commentaires
C
Bravo, jolie écriture, comme quoi une texte bien écrit sur une petite balade ordinaire peut être prenant ! J'ai beaucoup aimé les bavardages d'oiseaux, chez moi aussi ils se taisent quand ils voient que j'écoute...<br /> <br /> Bon vent !
Répondre
Z
oui super promenade.. plein de détails intéressants et jolies photos..! merci Sébastien..!!
Répondre
E
Merci pour cette belle balade
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