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Les périples du dragon rouge

16 décembre 2020

Voyage à vélo de septembre 2020

Dimanche 13 septembre 2020

 

Il est presque 10 heures quand je chevauche mon vélo bardé de quatre sacoches pleines de deux semaines de vivre. Il est presque 10 heures et je rumine de rage, de colère et de stress. Ca ne change pas beaucoup de mes autres départs. Rien ne va. Le vélo couine, grince et j’ai dû le regonfler ; je suppose une crevaison lente. Je profite pour ajouter une chambre à air dans mon paquetage et je règle, tant bien que mal, mes freins avants. Il y a du jeu dans mes moyeux et ma chaîne est colmatée. Je verrais en cours de route.

1 - voie verte après Bain de Bretagne

12h26, 40km de fait, je m’arrête pour déjeuner. Je ne sais toujours pas quelle route je vais prendre ; il y en a tellement. Plusieurs possibilités s’offrent à moi ; poursuivre jusqu’à Châteaubriant, trouver la nouvelle voie verte et découvrir où elle mène, piquer vers le Sud par les petites routes pour rattraper la Loire à vélo ou contourner Angers par le Nord comme je le fais souvent. Je pense que j’irai dormir sur les bords de Loire …

 

Après la triste découverte de l’état du câble de dérailleur, je dormirai chez moi.

Retour au bercail pour des réparations et un nettoyage du dérailleur et de la chaîne. Demain sera un autre jour.

 

Lundi 14 septembre 2020

 

Il n’est pas 8 heures que j’ai déjà roulé 10km. Je gère les efforts et ma vitesse moyenne reste constante. Ce jour, je me dirige vers la Loire au plus court, pourtant, arrivée à Issé, j’ai hésité. J’eusse pu prendre par Moisdon la Rivière et couper par les petites routes pour attraper la Loire en soirée mais, où allais-je déjeuner ?

2 - pause Sainte Anne sur Vilaine

Finalement, la Meilleraye de Bretagne m’offrait un petit parc pour déjeuner tranquillement. De plus, malgré le flot de véhicules à venir, je devrais toucher la Loire dans l’après-midi. A partir de là, le voyage sera plus détendu.

3 - La meilleraye de Bretagne

Nouveau soucis, mon low-rider (porte-bagages avant) n’est pas décidé à rester en place. S’il tient jusqu’à l’île de Challonges, je connais un endroit où il y a du bambou sur le bord de la route. Il ne me reste plus qu’à trouver de la ficelle pour une réparation de fortune.

4 - La Loire après Ancenis

J’ai oublié les sardines de mon tarp. J’utiliserai celles de ma tente et, une idée me germe en tête ; si, au lieu d’utiliser ma double tente, j’utilisais le tarp ?! Il faudra que je teste pour mes futurs voyages.

5 - La Loire

 

Je suis à Varades à 16 heures. Il fait 37°C. Je m’asperge d’eau pour me rafraîchir et en profite pour refaire le plein des gourdes. Je m’enfilerais deux tasses de 450 ml de chocolat et finirais par une sieste de 30 minutes. La chaleur, ça tue son homme.

A 19 heures, je dinerai à la Possonière sans savoir si je reprendrais la route pour m’avancer ou resterais dormir sur place. En attendant, mon riz et mes haricots rouges m’attendent.

 

Avec mon dîner, j’ai fais le plein d’énergie et j’ai roulé. Envahi par pléthore d’insectes volants, j’ai dû garder mes lunettes de soleil pour m’en protéger. La nuit était là, dansant avec mon âme d’enfant et les pédales tournoyaient, faisant avancer mon attelage plus vite qu’à n’importe quelle heure de la journée. Les bords de Loire sont plats. Un léger vent de dos me poussait à continuer de l’avant et même si je sentais mes forces m’abandonner peu à peu, je trouverai mon bivouac, en plein nuit et sur un sentier escarpé, du premier coup ; l’habitude, sûrement.

6 - Bivouac Saint Rémy la Varenne

Il sera 23 heures quand je me coucherai mais sans possibilité de dormir malgré la fatigue. Je somnolerai, cherchant ma position,me maudissant de ne pas m’être lavé avant mais tous ces insectes m’énervaient de trop. Résultat : mauvaise nuit et certainement une journée à souffrir sur le vélo. (179km de fait dans cette journée)

 

Mardi 15 septembre 2020

 

7 - La Loire Saint Rémy la Varenne

Le coup de barre du second jour, j’aurais dû m’en douter. Chaque fois que je dois partir, il y a le stress qui s’installe ; peur d’oublier des choses. Généralement, j’essaie de bivouaquer sur les bords de Loire soit au minimum au bout de 100 km. J’ai mes lieux de bivouac privilégiés, ces endroits où je me sens à l’aise, presque chez moi et je commence toujours par l’un d’eux pour avoir une nuit réparatrice mais ce n’est pas toujours le cas. On en arrive donc à ce coup de barre du second jour. La première journée ayant été exténuante et la chaleur infernale, j’avais besoin de passer une bonne nuit mais ce ne fut pas le cas et, au petit matin, malgré un départ juste avant 9 heures, ce fut dur de rouler. Une chance, jusqu’à Saumur, la route reste plate. Petite pause chocolat et tartine de pain sucré à la farine complète et je repars sur les coteaux de la Loire et, bien entendu, en me trompant de route. A midi, je ferais ma pause déjeuner avec 45km au compteur. Il fait déjà 28°C et il me reste 100km pour mon prochain bivouac. Vais-j y arriver ? Si j’y arrive, les prochaines étapes seront nettement plus courtes.

 

16 heures, 90km, la chaleur est étouffante. Je suis déshydraté et certainement pas loin du coup de chaleur . Je m’arrête à des toilettes publiques et je commence à m’asperger tout le corps. Je bois beaucoup mais ça me fait mal au ventre. J’ai la tête qui tourne, j’ai envie de m’allonger mais l’endroit ne s’y prête pas. Je vais donc prendre sur moi et faire un petit km de plus pour trouver un coin à l’ombre sur le bord d’un ruisseau et m’allonger dans l’herbe. Je ne trouve pas le courage de me faire un petit chocolat mais après une demi-heure de sieste, je remarque qu’il me réhydrate bien. Je m’en préparerais un bidon avant de repartir. On m’a invité à prendre une douche et une bière. J’ai refusé l’offre sinon je n’aurais jamais pu repartir.

 

A 20 heures, j’ai déjà parcouru 129km et je pense qu’il doit m’en rester 25. Je vais manger et voir si je peux repartir, enfin, voir est un bien grand mot car la nuit s’annonce et je repartirai avec les lumières allumées.

 

23 heures, 156km et j’arrive sur mon lieu de bivouac. La douche étant inutilisable, je me laverais au lavabo, montage de la tente et dodo. Un dodo assez agité, certainement dû à la chaleur.

 

Mercredi 16 septembre 2020

 

8 - Petit déj' Antigny

Il est 7 heures quand je décide de me lever. Je plie et m’installe à une table de pique-nique pour le petit-déjeuner. Certes, mon étape du jour ne représente que 80 km mais je crains la chaleur dans les forts dénivelés. Je m’arrêterai déjeuner, sur les bords de la Brame, ne sachant pas quand repartir car il fait encore très chaud et le plus dur est à venir.

Reparti à 15 heures, je m’arrêterai à nouveau à 16 heures me rafraîchir dans la Gartempe à Châteauponsac. J’y ferai une heure d’arrêt et une rencontre, un autre voyageur mais à pieds avec son cheval. Il attendra de passer l’hiver chez des amis pour repartir au printemps vers Saint Jacques de Compostelle.

9 - La Gartempe à Chateauponsac

18 heures, je suis à Saint Pardoux et ils interdissent l’accès aux toilettes publiques, heureusement, le cimetière est à côté. Après avoir fait le plein des gourdes, je me dirige vers les rives du lac où j’ai l’habitude de bivouaquer. L’orage grogne mais il ne gronde pas encore. Ce soir, ce sera couchage dans le hamac. Je m’y sens plus à l’aise quand il y a de l’orage.

Finalement, je monte mon tarp assez rapidement. Une discussion entre les arbres indiquait qu’il allait pleuvoir et ils n’avaient pas tord, à peine ai-j fini de monter mon tarp qu’il commence à pleuvoir. Je finirai de faire chauffer ma tambouille à l’abri et la dégusterai assis dans mon hamac en regardant l’eau tomber à verse et ruisseler vers le lac.

 

10 - Bivouac lac de Saint Pardoux

20h20, je m’allonge dans mon hamac et y passerais quasiment les 11 heures à suivre, et encore, à 7 heures, le lendemain matin, j’y serai bien resté quelques heures de plus. A midi, en roulant tout doucement et en profitant de la fraîcheur, je m’arrête au vingt-cinquième km pour déjeuner et faire sécher ce qui en a besoin. Je me suis connecté à une borne wifi et, la météo s’annonce maussade pour la semaine prochaine. L’océan sous la pluie ?

 

11 - Saint Martin-Terressus

Ce jeudi 17 septembre est une journée comme je déteste en passer. Je roule 100km en boucle pour des clopinettes. Je me fais mal pour rien. C'est une journée de torture physique et psychologique.

 

Vendredi 18 septembre 2020

 

Malgré une arrivée tardive sur mon lieu de bivouac, 2h30 du matin, je finirai mon petit pot de confiture framboises-pommes, faite maison avec mon pain à la farine complète. Je n’en suis qu’à mon cinquième jour de voyage et je remarque que mes vivres baissent rapidement. Je m’endormirai sitôt couché pour me réveiller 5 heures plus tard.

Réveil en douceur, au rythme de la nature et tentative de baignade mais je ne peux pas dépasser la hauteur des cuisses ; blocage certainement dû à la fatigue. J’en profiterai, tout de même, pour me laver et pour faire une lessive.

12 - Lessive lac de Saint Pardoux

Pour la lessive, il suffit d’avoir un petit sac étanche de 10 litres. On ne le charge pas trop de linge. On remplit au trois quart d’eau. On y ajoute un savon de Marseille et on secoue après avoir bien refermé le sac. On enlève le savon de Marseille. On le frotte sur les habits qui sont trop tachés et on re-secoue mais sans le savon de Marseille. Au bout de quelques minutes, on évacue l’eau savonneuse et sale qu’on remplace par de l’eau claire pour effectuer le rinçage. Deux rinçages sont souvent nécessaires. On essore à la main et on étend son linge.

 

Mon électronique fait encore des siennes. Je pensais avoir réglé le problème avant de partir mais avec les vibrations du voyage, des fils se sont dessoudés. Ma batterie externe recharge bien mon GPS mais n’offre que 2 % de vie supplémentaire à mon téléphone. J’ai dû l’éteindre et c’est franchement dommage car j’aurais aimé partager ses petits moments nature avec sa faune bien plus accueillante et curieuse que l’être humain. Et pendant que j’écris ces lignes, un écureuil vient voir ce que je fais. Et comme la loi des séries s’applique toujours aux mauvais moments, je n’ai pas de cartouche de rechange pour mon Pilot V5 (stylo). Heureusement, j’ai emporté le critérium.

En résumé, je passe du feutre au HB. Mon régulateur recharge mon GPS mais celui-ci n’a ni tracé ni carte. Le téléphone étant éteint, adieu les photos donc je vais continuer comme pour mes premiers voyages, sans rien, juste avec ma mémoire et mon sens de l’orientation. Par chance, pour une fois, j’ai de l’argent avec moi, au cas où j’ai une fringale et que mes vivres sont épuisées. En fait, c’est maintenant que va commencer la vraie aventure. Par contre, j’espère qu’elle ne sera pas trop pluvieuse.

 

Je pars après déjeuner, il n’est pas encore 13 heures. La température est encore caniculaire, plus de 30°C. Même si j’ai pris la matinée pour me relaxer, la fatigue est bien installée. Ce n’est pas grave, rien ne presse, en plus, les vents est contre moi mais je l’apprécie ainsi, il m’apporte un peu de fraîcheur. Mes pensées fusent et je redécouvre des endroits où je suis déjà passé quelques années auparavant.

Lorsque je roule, plein d’histoires me passent par la tête. Certaines mériteraient d’être écrites, malheureusement, elles ne sont que passagères et s’estompent au grès des paysages mais, une BD m’est revenue en tête, une BD que je lisais quand j’étais petit. Elle était publiée au format journal de poche mais je ne me souviens plus dans lequel. Son titre : la guigne ! C’était l’histoire d’un coureur cycliste à qui il arrivait toujours quelque chose jusqu’au jour où, j’ai cru qu’il allait enfin gagner une course mais, sa roue avant se fit la malle et il resta planté à un mètre de la ligne d’arrivée en grommelant et surtout, laissant le peloton ravir sa place.

 

Juste après cet intermède, les températures commencèrent à baisser jusqu’à perdre 10°C et la pluie arriva. J’ai trouvé un abri pour dîner mais il faudra que je reparte pour trouver un bivouac où passer une nuit tranquille.

 

Samedi 19 septembre 2020

 

La nuit fut bonne. La pluie s’en était allée bien avant que je ne me réveille. Je pensais devoir plier ma tente humide mais il n’en était rien. Je roule en suivant des panonceaux en direction de Ruffec. Je ferais une pause juste avant pour rallumer mon téléphone et envisager la suite de mon périple. Je prendrais les petites routes pour rattraper la Vélofrancette mais je ne vais pas devoir me perdre, je n’ai que quelques jours de vivre et je ne trouve pas assez de fruits sur mon chemin pour combler ce déficit.

Lorsque je traverse Ruffec, il y a un marché. Je me suis dit : « Chouette, pas besoin de masque ! » En temps normal, j’ai du mal avec les gens mais là, les voir se suivre en file indienne, tous dans le même sens et portant tous des masques, j’ai visualisé ma dernière visite dans un abattoir. J’ai tracé ma route sans m’arrêter.

Le déjeuner fur pris dans un vieux lavoir. J’y ai apprécié la charpente et ses roues entraînant de vieilles pompes qui devaient puiser l’eau pour que les lavandières puissent laver leurs linges. Ces magnifiques roues qui me mirent au tapis d’un coup de manivelle. Comme si, avec cette chaleur, j’avais besoin d’un œuf de pigeon sur la tête. La suite ?

13 - Lavoir d'Embourie

Gros trou de mémoire !

Non. Je roule sur de petites routes même sur une laie forestière où je m'arrête pour me changer et me rafraîchir. Ensuite, je roule contre la montre ou contre ce gros nuage orageux, chargé de pluie et grondant qu’il passerait devant moi. Finalement, je le laisserai prendre l’avantage et m’arrêterai manger poire et raisin dans un jardin public. Il y a aussi des aromatiques mais j’oublierai d’en prendre pour ma popote du soir.

Bivouac dans les marais avec un ciel incertain, je croise les doigts pour que la nuit se passe bien. En plus, j’ai trouvé de la lecture sur le banc d’un abri bus, je vais pouvoir lire un peu.

 

Dimanche 20 septembre 2020

 

La nuit fut calme quoique des rêves et des pensées vinrent mouvementer mon sommeil. J’esponge la rosée, avale un chocolat et deux tartines de pain à la farine complète et je mets le cap sur La Rochelle. Mon téléphone est totalement déchargé mais en roulant, j’arrive à le rallumer quelques instants pour envoyer un message à mon pote lui disant que j’arriverai à 13 heures chez lui. A quelques km de chez lui, il viendra à ma rencontre à vélo, m’annonçant qu’il avait essayé de me joindre sans résultat. Nous déjeunerons, nous papoterons et nous irons à la plage mais sans se baigner, l’orage éclatera au même moment.

Soirée cool et je prendrai le départ le lendemain, en suivant la côte, pour rentrer, en essayant d’éviter les gouttes malgré un temps incertain.

 

Lundi 21 septembre 2020

 

14 - Au loin, l'océan !

J’ai envie d’une pizza et je me dis, dès que je trouve des pizzas à emporter, j’en prends une. En passant devant, je n’en ai plus envie mais quelques centaines de mètres plus loin, l’envie revient à la charge mais non, je ne ferai pas demi-tour et il me reste des provisions.

15 - la côte vendéenne

Pour le moment, j’évite les gouttes. Je m’arrête à midi, sur le bord de la plage de Longeville, sous les arbres, et je sors ma popote. Il n’a pas fallu longtemps pour qu’il se mette à pleuvoir. Je suis breton. Je n’ai pas peur de la pluie mais après avoir manger, les sentiers sablonneux tirent sur mes jambes et le sable n’a jamais été ami avec ma transmission ; elle déguste. Cela ne durera pas et le soleil reprendra rapidement sa place dans le ciel.

16 - A l'approche des Sables d'Olonne

Aux Sables d’Olonnes, je reste discuter avec un artiste de 73 ans qui a, en partie, dessiné les plans de l’esplanade. Il est même fier de me dire qu’il a rencontré le président des états-unis. Je ne lui demande pas lequel car pour moi, tous les présidents se valent.

Je passe deux fois devant une pizzeria à Saint Gilles Croix de Vie mais je ne trouverai pas le courage de m’arrêter et d’entrer commander. Je continue donc mon chemin et je ferai ma popote du soir sous l’éclairage d’un lampadaire.

17 - Bivouac Notre Dame de Monts

Je monte ma tente à minuit, dans la forêt domaniale de Notre Dame de Monts.

 

Mardi 22 septembre 2020

 

Au petit matin, j’investirai une boulangerie pour me repaitre de viennoiseries. Depuis le début de mon voyage, j’ai toujours fait attention à mon alimentation mais là, tel un alcoolique qui replonge dans sa bouteille, j’engouffre pain au chocolat, pain aux raisins et suisse au chocolat. Je m’en veux d’avaler tous ses sucres raffinés et je m’en veux aussi de les avoir avalé si vite, c’est si bon. Je veux y retourner mais je serai courageux et je reprendrai ma route laissant ces délices empoisonnés à d’autres.

18 - Port du Bec

19 - port du Bec

20 - port du Bec

21 - port du Bec

22 - port des Champs

23 - port des Champs

24 - port des Champs

J’essaie de suivre l’océan au plus proche mais, je me suis encore trompé de chemin qui me ramène dans les terres ce qui me permet de faire une nouvelle rencontre, un cycliste. Il roule bien, il roule fort mais surtout, il me protège du vent quand je suis dans sa roue. Pourtant, je souffre. Ma respiration augmente rapidement, mon cœur certainement aussi. Et mes jambes ? Vont-elles tenir mes jambes ? Ou vais-je me trouver amorphe, sans force, au milieu de nul part ? Quand les forces me quittent, c’est généralement dans des endroits les moins propices ou en pleine nuit. Il se retourne, vient à côté de moi et nous commençons à discuter à … 32km/h !!!

25 - port du Collet

Ce n’est pas comme si j’étais chargé et que d’un coup, je me prenais le vent dans la tronche parce qu’il venait se mettre à mes côtés (les cyclistes comprendront, être dans une roue protège du vent mais quand le cyclyste que vous suivez s'écarte, c'est si vos freins se mettaient à freiner tout seul, d'un coup)… Là, j’ai mal aux jambes et je me souviens de leur existence. Le souffle court, j’alimente la conversation comme si je ne souffrais pas. Et, il me dit qu’il va me servir de pilote. Il repasse devant, je plonge dans sa roue. 34km/h ! Ca reste supportable dans son aspiration mais lors d’un virage, je me décale de seulement quelques centimètres. Je perds automatiquement son aspiration. Je force pour la reprendre mais mes efforts son vain. Je perds de la vitesse et du terrain.

26 - port du Collet

Mince, le port du Collet n’est qu’à quelques kilomètres. Il se retourne et, il ralenti, vient s’excuser et reprend son rôle. Une fois changé de direction, vent plus dans le dos, nous reprendrons notre discussion. Au port du Collet, nous nous arrêtons pour parler encore. Je reste sur place pour manger et il rentre chez lui, sur Pornic. J’y vais moi-aussi mais un peu plus tard. 30 km/h, c’est un peu trop rapide pour moi et surtout, je suis là pour me délecter de l’océan donc, je préfère prendre mon temps.

27 - port du Collet

 

J’appelle Tony, un pote qui habite Pornic pour lui dire que je passe le saluer et, à l’entrée du port, je fais une pause et prends quelques photos. Un navigateur du dimanche a échoué son voilier sur les rochers. Les moqueries vont bon train et la foule s’amasse. Quel spectacle ! Je pense que le propriétaire du voilier a dû voir passer les photos de son échouage sur tous les réseaux sociaux.

28- Pornic

29 - Echouage

 

Après ma visite chez Tony, je file par les sentiers pour m’extirper de la ville et reprends les départementales avec un regain de forme. J’ai le vent qui me pousse mais cela n’explique pas pourquoi mon compteur oscille entre 28 et 30 km/h. Je continue à appuyer sur mes pédales, je verrai bien quand mes forces me lâcheront.

30 - Pornic

31 - Pornic

32 - Pornic

Malgré quatre sacoches et un vélo de voyage qui n’est pas des plus léger, je me dirige à vive allure vers la Loire et je peux déjà entendre les moteurs du bac qui me permettra de traverser ce fleuve tumultueux. Je fais une pause pain-camembert en attendant le bac et je m’aperçois que des milliers de mulets (poissons) montrent leur ventre. Serait-ce encore lié à une énième pollution provoquée par l’activité humaine ???

 

Je repars, après avoir traversé la Loire, à travers les marais avec toujours autant de force dans les jambes. L’air iodé m’aurait-il redonné mes super pouvoirs ? Toujours est-il qu’à Blain, soit 60 km plus loin, je roule toujours aussi bien. Je ne m’arrête même pas car je ne trouve plus le bouton « off » de mes jambes qui continuent inlassablement d’appuyer sur les pédales. Il faudra pourtant que je m’arrête à un moment, ne serait-ce que pour refaire le plein des gourdes. Et la nuit tomba, en même temps que mes forces. Mes jambes fonctionnent à l’énergie solaire. Je devrais être content, j’ai des jambes vertes. Mais voilà, je suis arrêté à 30 km de chez moi, même si j’ai ce qu’il faut, je ne vais pas bivouaquer aussi proche du but.

Je bois, soulage ma vessie, me prépare un chocolat, mange de la brioche acheté le matin dans la boulangerie avec une tablette de chocolat noisettes, je marche et fais une estimation de mon heure d’arrivée en roulant au ralenti. Pendant de nombreux kilomètres, j’ai roulé sur du plat avec seulement quelques petites bosses ça et là mais plus je m’approche de chez moi et plus le dénivelé devient important. La nuit est là, le ciel est menaçant et mes forces semblent vouloir prendre des vacances. J’envisage même de faire marcher à côté de mon vélo dans les côtes mais je veux rentrer chez moi, prendre une douche et dormir dans mon lit.

J’enfourche mon vélo, laisse les lumières de la ville derrière moi et m’enfonce dans la nuit. Mes jambes continuent inlassablement leur travail. J’en suis presque étonné mais je vais en profiter pour rentrer encore vite plus sans que rien ne puisse m’arrêter. Bah si ! Il ne reste que 10 km pour rallier l’arrivée et la pluie se met à tomber. Sa froideur me glace les sangs et me tétanise les muscles. Me voilà arrêter net sur le bord de la route, sous un chêne comme office de parapluie. Je revêts ma tenue de pluie et repars tranquillement vers ma destination finale.

 

Il n’est pas minuit et je suis enfin chez moi. (Après seulement 189 km parcouru dans la journée)

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25 juin 2019

Voyage du mois de juin 2019

Cette histoire débute par une petite annonce. En fait, c’est un peu plus complexe mais c’est l’élément déclencheur. Vivant en Bretagne et mes filles dans le Limousin, je fais régulièrement l’aller-retour à vélo. Mais, lors de mon dernier retour, j’ai cassé le cadre de mon vélo de route. Vint alors maintes réflexions pour le réparer dont celle de changer le cadre avec mon vieux VTT. Il me manque alors de quoi fixer les manettes de vitesses sur le cadre.
L’annonce disait : cherche compagnon(s) pour la Vélodyssée en partance de Nantes. Bon, la jeune fille est d’abord partie en Guyane mais, à son retour, tout s’est précisé. Je devais repartir pour le Limousin mais la route ne me donnait plus envie. J’avais un rendez-vous le vendredi et la jeune fille devait partir le jeudi. Je lui ai envoyé un message lui disant que je pourrais la rattraper sur la route. Entre-temps, une autre demoiselle cherchait une dynamo bouteille pour son vélo. Comme j’en avais une qui ne me servait pas, je lui ai proposé.
Le rendez-vous était fixé, c’était pour le samedi suivant mon autre rendez-vous qui lui, allait se heurter à Miguel. Comme je l’ai déjà dit, je ne me déplace qu’à vélo, et même si Miguel inclinait les arbres, ce n’était pas lui qui empêcherait un breton d’honorer ses engagements. Finalement, Léa, qui devait partir de Nantes le jeudi, partira le samedi. Elle évitera ainsi Miguel. Nous avions papoté un peu via messenger et avions convenu d’un point de rencontre car, je partais aussi le samedi, juste après avoir donné ma dynamo bouteille à Sonia.

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Je devais partir à 13h pour rouler tranquillement sur les petites routes et arriver avant 15h sur le port de Redon mais, il faut toujours qu’il y ait des « mais » dans mes histoires, mon low-rider tout neuf ne me plaisant pas, il a fallu que je réinstalle l’ancien, celui qui est cassé, sans même essayer pour savoir si ma réparation allait tenir. Juste cent mètres, elle n’a tenu que cent mètres et me voilà à courir dans tous les sens, à grogner et à ficeler ce porte-bagages comme je peux pour pouvoir continuer ma route. Finalement, il était 14h quand j’empruntais la départementale avec des sacoches bringuebalantes ne sachant pas si ça allait tenir et surtout, si je serais à l’heure sur le port. 15h sonnait quand j’arrivais. Ca, c’est de la ponctualité ! J’offre ma dynamo, nous discutons un peu et me voilà reparti sur le canal de Nantes à Brest que je quitterais à Guenrouët. Je ne voulais pas faire attendre ma future compagne de route qui partait de la gare de Nantes à 17h et qui n’avait que 30 km à parcourir pour rallier notre point de rendez-vous. Finalement, je suis arrivé avec une heure d’avance au Pellerin. Il est vrai que je n’ai pas amusé le terrain sur les départementales roulantes.

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Où était-elle ?
Perdue à la sortie de Nantes.
Le stress était monté en flèche au moment de mon départ et il en restait encore des résidus et il était alimenté par la mère de mes filles qui me faisait une crise de jalousie par texto. J’avançais en direction de Nantes et je me retrouvais bloqué par un arbre tombé en travers du sentier à cause de la tempête. Juste au même moment, Léa arrivait. Je l’aidais à porter son vélo et nous nous dirigeâmes vers notre lieu de bivouac, que j’avais repéré quelques instant plus avant.
Il faisait bien nuit lorsque nous nous réfugions dans nos tentes respectives pour y passer le reste de la nuit. Après 100 km et un stress fatigant, je m’endormais avec la certitude de faire de courtes étapes bien reposantes.

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Jour deux
J’ai regardé le soleil se lever, plié mes affaires et attendu que Léa se réveille. Elle n’avait jamais fait de vélo auparavant, à part quand elle était petite, comme presque tous les gosses. Comme elle ne savait pas combien de kilomètres elle était capable de pédaler, elle m’avait parlé d’un minimum de 40 km. 40 km dans la journée, ça allait être cool. Après un réglage de ses freins et de sa selle ainsi qu’un branchement de sa dynamo moyeu, nous voilà parti sur les bords du canal de la Martinière en direction de l’océan. Nous y arriverons juste après midi, après une matinée bien ensoleillée et déjà 40 km au compteur. Une chose était sûre, nous ferions plus.

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Le vent, la fraîcheur et la pluie s’invitèrent à la fête.Du coup, nous décidâmes de couper à travers les terres pour rejoindre Pornic avec le vent dans le dos. La pluie ayant cessée, nous goûtâmes sur la côte, avec la baie de Bourgneuf et l’île de Noirmoutier en face de nous. Nous reprendrons notre route à la recherche d’un bivouac abrité du vent mais cela nous mena jusqu’à la Barre de Mont avec 115 km au compteur et un montage des tentes dans la nuit noire et obscure. Cette nuit-là, nous échangeâmes nos duvets car la nuit précédente, Léa avait eu froid et du coup, très peu dormi. Son sac de couchage n’était vraiment pas adapté pour passer la nuit dehors.

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Jour trois
Direction Les Sables d’Olonne et son Decathlon pour trouver un nouveau sac de couchage. Nous avons roulé, nous avons un peu échangé et surtout, nous avons débuté la journée avec un petit déjeuner sur la plage. Il faisait beau et il fallait en profiter car le temps se dégrada. Nous avons eu la chance d’être abrité à chaque averse mais le vent qui nous poussait, devenait froid lorsque nous nous arrêtions. Déjeuner sur le port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie où un goéland se serait bien invité à notre festin et, par la suite, séance de souvenirs pour Léa qui retrouvait les plages de son enfance. En fait, ce Decathlon, je l’ai trouvé loin. Je me serais bien posé sur la plage à papoter ou à écouter le ressac de l’océan mais je crois que Léa envisageait ce périple surtout comme un challenge sportif.

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Nous avions convenu, ce jour-là, de chercher un bivouac dès 20h pour être au chaud dans nos tentes à 21h. J’avais déjà une petite idée de l’endroit où nous pouvions nous arrêter mais en cette fin de journée, la fatigue m’envahissait. Je devais raconter un millier de conneries à la seconde, cherchait un point d’eau que je n’arrivais pas à retrouver pour, finalement, me tromper de route. Mais, à 20h, j’avais quand même trouver mon point d’eau et un bivouac à 50 m de la mer. Léa, elle, trouva l’endroit idéal pour planter les tentes à l’abri du vent. Après une pause méditative sur la plage et un repas en sous-bois, nous avons monté les tentes juste avant l’arrivée de grosses averses. Et là, je me suis rendu compte que ma toile de tente n’était plus du tout étanche. J’ai attendu que la pluie cesse pour déballer mon sac de couchage, me laver et enfin m’endormir.

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Jour quatre
J’étais debout aux aurores. Je suis allé sur la plage et j’ai aperçu ces nuages qui nous entouraient mais, juste au-dessus de nous, le ciel était bleu. Le vent avait tourné. Il allait nous ramener la pluie. Cette étape ne devait pas être trop longue car nous nous arrêtions chez un pote à La Rochelle. Elle devait être courte en temps car la vitesse de progression de Léa, me laissait envisager une arrivée sur La Rochelle aux alentours des 16h voire 17h mais, le père de Léa avait prédis qu’elle crèverait. Après la pause de 10h, pneu à plat ; je lui fis voir comment on démonte et répare une crevaison. Malheureusement, ce n’était pas une crevaison mais un soucis de valve. Elle sort donc ses chambres à air préconisées par le vendeur de chez Decathlon qui lui a assuré que c’étaient les bonnes. Des chambres à air de 26 pouces sur une jante de 28 pouces, il y a des vendeurs qui devrait être un peu plus à l’écoute de leur client. Du coup, j’ai pompé et j’ai croisé les doigts pour que ça tienne. Au bout de 10 km, le pneu était à nouveau à plat.
Pourquoi ?
Franchement, pourquoi je n’ai jamais une journée qui se déroule sans accros ?
Peut-être pour avoir des histoires à raconter ?

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Pendant ces 10 km, j’avais laissé Léa dans ses pensées, à rouler seule, devant et, seule, elle roulait bien. Je me suis même posé la question si je n’étais pas un boulet dans ses lourds bagages car, elle avait pris des choses inutiles qui l’alourdissait mais comme c’était son premier voyage, elle préférait. Donc, pendant ces 10 km où Léa me distançait, je discutais avec un autre cyclo-randonneur. Il était parti de Roscoff et, au vue de la météo, il avait préféré renvoyer son matériel de camping pour continuer son périple en dur (chambre d’hôtes). Il était tout autant impressionné que moi, de voir cette jeune fille avaler tous ces kilomètres avec une telle facilité. Arrivée à La Tranche sur Mer, il préféra le front de mer alors que nous, nous continuâmes par la rue principale. De nouveau à plat et les coups de pompe ne gonflaient plus rien. Léa s’installa dans un square où il fit sécher sa tente et je me délestais de deux sacoches pour partir à la recherche d’une chambre à air. Nous avions croisé un Super U, je m’y dirigeais. Je croisais à nouveau le cyclo-randonneur avec qui j’avais parlé. Un sourire, un geste de la main et je continuais à vive allure, vent de face, vers un magasin où il n’y avait pas de matériel de vélo. J’en profitais tout de même pour faire quelques courses et, en sortant, j’aperçus l’annexe du magasin. Nous allions pouvoir continuer notre route. Je roule principalement en 26 pouces donc je connais la taille de mes chambres à air. Je connais la taille de chambre à air de tous mes vélos mais pas celui de Léa, j’aurais dû m’y attarder un peu plus. Gros coup de stress et finalement, je repartirais avec du 29 pouces. (Le 29 pouces est un 28 pouces mais plus volumineux.) Une fois installée, j’ai croisé les doigts pour qu’elle ne déjante pas mais finalement, ça a rendu le vélo encore plus confortable. Nous n’avions plus qu’à rallier La Rochelle mais, et oui, encore un « mais », le vent et la pluie nous avait rattrapé. Nous nous sommes réfugiés sous la D9 où un pont y a été creusé il y a moins de deux ans (passage protégé pour cyclistes et randonneurs de tout poil). Un duo de cyclo franco-anglais nous y a rejoint pour profiter de l’abri.
It’s a good idea !
Ils repartirent bien avant nous affronter les éléments pendant que nous goûtions et soufflions. J’en profitais pour donner quelques recommandations à Léa car nous allions emprunter un petit morceau de la D9 qui est une route très dangereuse. Une belle averse nous accueilli dans le patelin suivant. Je ne sais pas si c’est la pluie ou le vent qui me déboussola mais je fis faire deux tours et demi de Marsilly à Léa qui avait certainement envie de me tuer à ce moment. Elle sortit son téléphone et prit les choses en main. J’avais honte de cette erreur et en même temps, j’ai apprécié le passage de relais mais il faudrait que j’arrive à relativiser et à me dire que je ne suis pas infaillible.
Arrivée chez Mickaël, le pote de La Rochelle, l’apéro nous attendait mais surtout une bonne douche chaude.

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Jour cinq
Nous ne partirons que l’après-midi. Léa ne se réveilla qu’à 10h et comme elle avait fait de belles grosses étapes, je ne voulais pas la déranger et j’étais encore en pleine discussion avec moi-même. Mon caractère renfrogné reprenait le dessus et je peinais à vouloir m’ouvrir aux autres. Je ne suis pas toujours bien avec moi-même alors imaginez avec les autres. Nous pliâmes tranquillement nos affaires. Mickaël vint nous rejoindre pour déjeuner avant de repartir au boulot nous laissant le soin de fermer son appartement.
Direction le port de La Rochelle et sa malédiction !

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Chaque fois que j’y suis passé, il m’est arrivé quelque chose et pourtant, j’adore ce port. Là, c’était mon low-rider qui touchait la roue avant. On s’est posé. J’ai pris le temps de l’examiner. J’ai écouté Léa et j’ai opté pour une solution. Nous sommes repartis et, ça touchait encore mais seulement quand je devais jouer avec le guidon pour éviter les obstacles. Nous nous arrêterons plus loin, pour goûter et trouver une autre solution. Nous avons longé la côté jusqu’à Fouras avant de repiquer vers Rochefort. Dans l’absolu, nous voulions bivouaquer de l’autre côté de la Charente mais quand j’ai aperçu cette cabane au milieu des marais, un observatoire ornithologique tout en bois avec de grandes baies vitrées, nous venions de trouver notre lieu de bivouac au chaud, à l’abri du vent et de la pluie. L’endroit idéal pour observer un couché de soleil.

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Jour six
Depuis le jour de mon départ, je sentais qu’il y avait de l’eau dans le gaz. Etait-ce Miguel qui m’avait hérissé le poil ou autre chose ?
Comme nous n’avions pas fait le plein des gourdes avant de nous arrêter au bivouac,c’était la priorité du matin. Il nous fallait aussi trouver un moyen de traverser la Charente autre que par le pont car Léa ne s’en sentait pas capable. Le passeur ne prenait son service qu’à 10h et il n’était que 9h. Léa voulait un café mais dans ma tête, il y avait l’océan qui m’appelait. Ca faisait des jours que nous le suivions sans nous y être baignés.
Enfin, l’homme que je suis, prend parfois de très mauvaises décisions et celle-ci était de prendre le pont. Léa voulait le monter à pied. Pour ma part, je préférais pédaler. Toujours est-il que lorsque j’ai demandé à Léa de passer devant moi, elle s’engagea sur le pont en pédalant. J’étais surpris. Je voulais lui demander pourquoi elle ne mettait pas pieds à terre mais je restais muet. Je voulais rester derrière elle pour veiller sur elle. Je pouvais pédaler tranquillement pendant qu’elle marchait.
J’ai trouvé pire que le pont de Saint Nazaire, le pont de Rochefort !

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De l’autre côté du pont, elle pleurait. Je la comprenais, j’ai flippé pendant toute la traversée avec ce flux incessant de véhicules qui passaient tous plus vites les uns que les autres et nous frôlaient. Nous avons roulé jusqu’à Saint Agnant où Léa a pu boire son café et manger une viennoiserie. J’ai attendu qu’elle finisse avant de rentrer dans les explications. Elle m’en voulait. Je ne pouvais pas l’en blâmer mais comme elle voulait rallier Royan sans passer par la côte et qu’il ne lui restait que 30 km, j’ai préféré la laisser continuer seule, surtout que je n’aurais fait que rouler derrière sans parler. Je n’avais plus rien à lui apporter et autre chose me trottait dans la tête. Nous partîmes donc chacun de notre côté, tout en prenant des nouvelles pour savoir si elle était arrivée à bon port.

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De mon côté, je prenais la V92, piste mono cyclable qui remonte la Charente mais je l’ai perdu à un moment et je suis parti en ligne droite en direction du Limousin avec ces questions qui me trottaient dans la tête. Après 250 km de route, dont une partie de nuit et sous l’orage, j’arrivais à Saint Léonard de Noblat. La clef de la cave m’attendait sous le paillasson, j’y passerai le reste de la nuit en attendant que femme et enfants se réveillent.

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L’accueil n’était pas génial. C’était même une engueulade et je me prenais dans la gueule que ça faisait 6 mois qu’elle m’expliquait que c’était fini entre nous. 6 mois ??? Alors qu’il n’y a qu’un mois, elle m’embrassait goulûment et me disait « je t’aime » en me regardant droit dans les yeux. J’ai fait abstraction de ce fait et je me suis occupé du vélo de ma fille aînée et après, j’ai aidé mon autre fille à bien appréhender les bosses du circuit BMX. Quand je suis reparti, mes jambes me lâchaient. Je n’avais qu’une envie, descendre de ce vélo et le balancer dans le fossé, ou l’inverse, me balancer dans le fossé. J’ai gravi les pentes du Limousin avec le plus de calme possible et je me suis surpris à être capable de faire 190 km sans souffrir physiquement. Etais-je anesthésié par la douleur morale et psychologique ? Je ne ferais plus de voyage en famille l’été mais dans un autre sens, j’allais pouvoir me concentrer à la rénovation de ma maison. Mais il y avait toujours cette question qui tournait en boucle dans ma tête : « comment se faisait-il, qu’il y a encore un mois, mes filles trépignaient d’impatience d’être aux vacances d’été pour pouvoir voyager à vélo et que maintenant, elles ne voulaient plus ? »
Les mots de leur mère résonnaient dans ma tête : « les voyages à vélo, c’est pour les ringarts ! » J’ai dû louper un épisode ??!!!

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Pour cette première journée de retour chez moi, je n’avais pas trop la tête à la photographie et ce fut pareil le lendemain. La nuit m’avait calmé mais il fallait que je rentre au plus vite. Il s’agissait de mes filles et je ne voulais pas les perdre. Tout en roulant, les propositions allaient bon train via textos mais chaque fois que j’en acceptais une, elle changeait d’avis et les miennes étaient rejetées sans vergogne en prétextant que c’était mes filles qui n’en voulaient pas.
Cette journée fut longue. Elle débuta avec un ciel bleu qui ne tarda pas à se couvrir et apporter une petite pluie fine. Malgré la charge du vélo, je m’étonnais de voir ma moyenne dépasser les 23 km/h. Je déjeunais sur les bords de Loire et reparti plein nord pour éviter Angers. Le soleil chassa les nuages et la température montait. Bien entendu, il y a eu une déviation que j’ai suivi. Il était midi et demi et les ouvriers étaient partis déjeuner alors pourquoi l’ai-je suivi ? Plus de 4 km supplémentaires à grommeler. 4 km, qu’est-ce que c’est ? Et bah sur 250 km, ça pouvait faire une énorme différence. Déjà, ça décalait les pauses et comme la chaleur devenait insoutenable, il m’a fallu improviser. Je voulais rentrer. J’avais besoin de mon chez moi, un lieu rassurant.

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Pour l’heure du goûter, il ne me restait qu’une cinquantaine de kilomètres à parcourir. J’avais avalé ces 200 km comme s’il ne s’agissait que d’une simple formalité mais là, je dus m’arrêter à l’orée de ce bois, le corps en surchauffe, la nausée au corps et au cœur. Je marchais, je bu et au bout d’un bon quart d’heure, je me forçais à manger ; je voulais rentrer. Je repris la route après plus d’une heure de pause, très à l’écoute de mon corps. Je buvais fréquemment. Je devais gérer l’effort ; suffisamment vite pour être rafraîchi par le déplacement d’air mais pas trop pour éviter la surchauffe du moteur. Je referais encore une pause et mis deux fois pieds à terre mais je finis par arriver en fin d’après-midi.
En conclusion, je n’en sais trop rien. L’envie de repartir est toujours là mais elle est emplie d’amertume alors place à la réflexion et à la rénovation.

22 octobre 2018

Bruc sur Aff - Saint Léonard de Noblat (en beaucoup plus de temps qu'il n'en faut pour l'écrire)

Lundi 24 septembre 2018, départ pour Saint Léonard de Noblat pour rendre visite à mes filles et leur apporter queques affaires.

Ce qui ne devait être qu'une formalité de quelques jours s'éternisa bien plus que je ne l'aurai souhaité.

Tout commença par une belle journée ensoleilée, quoique qu'un peu venteuse. Je me dirigeais avec mon paquetage vers la voie verte qui me mènerait à Châteaubriant.

IMG_20180926_100615A cette saison, la voie verte affiche de belles couleurs.

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Jusque là, tu roulais bien même si je m'étais rendu-compte que j'avais oublié mes épingles à linges. Elles me servent quand je veux faire tenir mon linge sur mon vélo lorsque je roule; ça sèche plus vite et pour maintenir ma couverture de survie autour de mon hamac en toile de parachute. La particularité de ce hamac c'est qu'il ne prend pas de place mais en étant super léger, il ne protège pas du vent ni même de la chûte de température qui survient dans la nuit donc, ma petite astuce a été de rajouter une couverture de survie que j'attache à l'endroit où je mets mes pieds et lorsque le froid arrive, je tire dessus et la couverture de survie glisse sur le hamac comme la chaussette sur un pied.

A la pause déjeuner, j'étais là !

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Une chose est bien avec les voies vertes, c'est qu'elles sont généralement bien protégées du vent, du coup on progresse sans trop de difficulté Jusqu'à ...

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Je comprends que ce passage soit privé et que nous n'avons qu'une simple autorisation et le bon vouloir du propriétaire pour passer et qu'il faille entretenir certains troçons de cette voie verte mais pourquoi ne préviennent-ils pas avant comme ils font avec les automobilistes et pourquoi n'y a-t-il pas de déviation mise en place ???

Bon, heureusement que j'aime l'aventure et que je sache me diriger pour trouver le meilleur chemin sans le rebrousser.

Finalement, j'arrive enfin à Châteaubriant.

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J'ai passé 6 ans à Châteaubriant et j'ai eu du mal à retrouver son château, incroyable. En plus, ce n'est que l'arrière du château, sa chapelle, à côté de la partie en ruine. Elle fut longtemps interdite au publique car une pierre s'est décrochée du rempart et à tué un piéton.

Pour la petite histoire, quelques temps avant que cela ne se passe, une jeune fille de 14 ans avait été tué et jeté dans un fossé à quelques km de la sortie de Châteaubriant. Pour connaître la corrélation entre la mort du passant et la mort de la jeune fille, il fallait habiter Châteaubriant et en connaître les moeurs aux moments des faits. Cet homme avait été suspecté mais sans preuve ... Disons aussi que dans chaque ville suffisamment conséquante il y a des traffics en tout genre. Réglement de compte ???

Fermons cet apparté qui appartient au passé et continuons la route. Justement, à partir de là, les souvenirs refirent surface. Je pris donc une route que je n'avais pas emprunté depuis 15 ans. Je ne sais pas si c'était une bonne idée car en 15 ans, les voitures se sont multipliées sur cette route et ma petite départementale, jadis tranquille, est devenu une route assez dangereuse pour le cyclotouriste.

De petites routes en petites routes, je jouais avec le vent. Avant, je m'énervais en un rien de temps mais bizarrement, depuis quelques temps, j'arrive à contrôler cette envie folle de fracasser la tronche d'Eole sur le bitume et de vouloir passer et repasser dessus. Je respirais, repartais dans mes pensées et ne regardais pas mon compteur. De toute manière, j'arriverais à destination.

La Loire se rapprochait mais il fallait encore traverser quelques patelins en périphérie d'Angers et, à l'heure de pointe, ce n'est pas forcément quelque chose de très apaisant. Mais, un cycliste passant par là, je pris, dans un premier temps, sa roue et on se mit à discuter. Un concert de klaxons s'en suivit mais le code de la route précise que nous avons le droit désormais de rouler à deux de front alors nous continuons notre  conversation.

La Loire traversée, le dénivelé n'allait pas être très important pendant un long moment mais le vent devenait de plus en plus énervant, en plus, il me refroidissait. Tenir bon, ne pas s'énerver ...

Loudun était passée, j'allais pouvoir me diriger vers la ligne verte pour y passer la ligne. Juste une quinzaine de km et j'installerai mon bivouac. Tiens, c'est quoi c'est lumière clignotante au loin ??? Pompiers ??? Juste à la centrale nucléaire de Chinon ! Allais-je passer la nuit et me réveiller le lendemain en un seul morceau ? Il y a du vent, la nuit est tombée, la fatigue est au rendez-vous, je ne peux plus avancer pour aller planter ma tente à l'abri ... Nous verrons demain ...

La nuit fut venteuse et raffraîchi énormément l'intérieur de la tente. Le sommeil fut cahotique mais apparemment, la centrale n'explosa pas. Par contre, je ne saurai pas pourquoi il y avait les pompiers.

C'est avec un vent insistant que je repris mon chemin sur la ligne verte. Heureusement, là aussi, elle devient abritée du vent et s'est un régal de s'y promener.

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Cette deuxième journée allait me rapprocher de ma destination finale en passant d'abord par le Clain

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et en finissant sur les rives du lac de Saint Pardoux où je passerai une nuit bien plus tranquille quoiqu'avec un réveil à 4h30 du matin par le brâme d'un cerf.

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J'arriverais à Saint Léonard de Noblat le mercredi matin par un temps ensoleillé et de splendides vues sur le limousin.

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Et c'est là où tout se gâte ! Les filles sont heureuses de retrouver leur papa. On va faire un tour au skatepark pour essayer les roller. Sélène joue cap ou pas cap avec son père et bizarrement, alors que je ne suis jamais tombé dans ce jeu que j'ai toujours trouvé débile, me voilà en train de glisser à pieds joints sur la rampe de skate. D'un coup, la semelle de ma chaussure gauche retrouve du grip et se met à freiner entraînant ma cheville dans une déviation non naturelle et le temps que je me rende compte que ça allait faire mal, j'entendis un triple crack. La douleur a suivi mais un grand désarroi s'empara de moi. Ce n'était pas possible ! Je ne pouvais pas me blesser. Pas ici, pas moi ! Bon, on va faire comme avant, jouer la comédie et se remettre sur pieds quand la douleur sera passé. Mais ... Elle passe quand la douleur ? Non ??? Je me suis pété la cheville !!!

Finalement, je suis rentré à l'appartement de la grand-mère de mes filles à cloche-pieds. Je me suis concentré pour faire passer la douleur et ma cheville gonflait à vue d'oeil. Pour quoi elle gonfle ???

Lorsqu'on appelle pas les pompiers directement, il est très difficile d'avoir un toubib qui veuille bien se déplacer. Qu'aurai-je été faire dans un hôpital ? Et surtout, comment en serai-je revenu ???
L'accident est arrivé le jeudi et la seule toubib qui ait bien voulu se déplacer est passé me voir le samedi. Il m'a fallu attendre jusqu'au mercredi suivant pour avoir des béquilles, comme si ça pouvait m'empêcher de bouger ??!!! Ca a bien failli car le mollet de la jambe gauche était à la limite de la contracture quand on m'a apporté les béquilles.

Je voulais rentrer alors je suis descendu à la cave et j'ai enfourché mon vélo. Rien qu'à essayer de l'enfourcher, c'était un challenge quasiment titanesque et lorsque j'ai voulu pédaler, la douleur m'a rappelé à l'ordre. Je fulminais. Comment une personne comme moi pouvait devenir aussi impuissante. Moi, qui malgré un tibia cassé continuait de marcher, partait travailler avec un poignet cassé ou jouer au foot avec un orteil cassé ... En plus, la cheville n'était même pas cassée, ce n'était qu'une entorse. D'habitude, c'est déboire m'arrive quand je suis chez moi ou pas très loin de chez moi et je trouve toujours une astuce pour pouvoir continuer mais là, je n'avais rien, j'étais parti avec le strict minimum et je m'en faisais pour mon retour. Si le froid arrivait, arriverai-je à rentrer avec le peu de vêtements que j'ai emporté ?

Il m'a fallu une semaine avant de pouvoir refaire du vélo, non sans douleur, avec une grosse frayeur sur une côte (ça grimpe dans le limousin), et une semaine de plus pour enfin dire avec un grand sourire : "Demain, je rentre ! "

Le sourire, c'est parce que je redevenais fort et qu'enfin, j'allais pouvoir redevenir celui que j'étais avant, un être indestructible que rien n'arrête ! Mais, mes filles ne l'ont pas vu avec le même oeil. Elles étaient heureuses que papa soit là. C'est dur d'être papa en fait et on ne peut pas se dédoubler. Il y a toujours des choix pénibles à faire dans la vie !

Enfin le retour ! Les premières côtes à plus de 15% ne m'ont même pas fait vacciller. Pourtant, mon vélo s'était quelque peu désaccordé et les vitesses craquaient mais, même si je déteste ça, je devais composer avec. Il faisait beau, le vent quasiment nul et juste après Ambazac un cycliste me salua et commença à me questionner. Il voulait se lancer dans l'aventure des road trip à vélo et nous roulâmes jusqu'au lac de Saint Pardoux ensemble. En parlant, la cheville se tut un peu et au fur et à mesure que les km défilaient, la douleur fut de plus en plus minime.

Deux jours avant mon départ, j'avais roulé de Saint Léonard de Noblat à Bujaleuf. Sur la route, j'avais entendu les arbres dire que ce qui approchait était de mauvaise augure. A Bourg-Archambault, pendant une pause, j'entendais les étourneaux se prendre le bec pour savoir quand ils allaient rentrer. " Le Vent est au sud ! Il fait encore chaud ! On ne pourra pas lutter contre se vent ! Faisons plus de provisions ! ..." Sur ce, quelques groupes repartir dans différentes directions. D'autres revinrent et les discussions reprirent mais rien n'aboutit. Les groupes repartaient encore. Ceux qui restaient se tûrent au moment où il vivrent que je les écoutais.

Cette première journée de retour m'emmena jusquà Lauthier où je dormis à côté de sa chapelle où l'horlaoge indique sept heures moins dix depuis ... En fait, je n'en sais rien depuis quand elle est arrêtée mais ça fait des années que je la vois indiquer la même heure. Juste à côté reposent des nonagénaires. J'ai vérifié, il n'y a aucun centenaire et très peu sont morts en dessous des 90 ans sauf quelques hommes qui sont tombés sur les champs de bataille. C'est bizarre à quel point un simple cimetierre peut nous faire voyager dans le temps voire dans une autre dimension.

127 km, presque 1500 m de dénivelé positif à une moyenne dépassant les 15 km/h, avec une entorse à la cheville gauche, j'étais assez fier de moi. J'ai dormi cette nuit-là dans mon hamac, sous la voûte étoilée mais plusieurs fois je me suis réveillé dans la nuit; elle était silencieuse !

Le deuxième jour m'emmena jusque sur les bords de la Loire avec un passage obligé sur la ligne verte pour déjeuner.

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Un vent quasiment nul, un soleil qui réchauffe le corps et le coeur la journée se déroula sans anicroche jusqu'à l'arrivée sur le lieux de mon bivouac.

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Au milieu de la Loire, sur le banc de sable, se dresse un abri de chasseur qui a disposé tout un tas de canards en plastique. Une famille de cygne navigue sur ses eaux calmes et donc les canards ne s'y arrêtent pas, au désenchantement du chasseur qui fini par venir me voir et me dit qu'il reviendra le lendemain matin.
Le lendemain matin, le jour n'était pas encore levé, le chasseaur était revenu. Il alluma sa cacophonie, mit en branle ses canards en plastique et attendit patiemment que je m'en aille. Tant que j'ai là, les canards ne s'arrêtaient pas mais au moment où je suis parti, j'ai entendu un coup de feu suivi de deux autres. Je me suis posé la question de ces coups de feu à répétition. Le bruit devrait faire fuir les canards ?! En fait, un coup de feu s'entend à plusieurs km et comme à moins de 5 km il y a une réserve où nichent des milliers de canards, les chasseurs tirent en l'air pour les effrayer. Le canard, dès qu'il entend un coup de feu, prend peur et panique partant dans tous les sens sans savoir où il va et dans cette cohue, le chasseur peut en descendre quelques uns. VIVE LA CHASSE !!! Quel sport honorable !!!

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Saint Mathurin sur Loire au petit matin, c'est là, juste avant de traverser le pont que j'ai compris leur manège en croisant le regard de plusieurs canards qui venaient d'entendre les coups de feu.

Je quittais la Loire pour partir le plus au nord possible. Un vent du nord assez fort était prévu pour la journée alors, avant qu'il ne souffle trop fort, je prenais les devant ensuite, je partirais à l'ouest avec un vent trois quart dos. J'ai roulé presque 170 km sans trops faire de pause car ça faisait 4 jours que ma soeur ne répondait au téléphone et ça en devenait inquiétant. J'imaginais bien les chats en train de dévorer sa carcasse après une chute dans les escaliers. En fait, son téléphone avait un problème de connexion et après un redémarrage, tous ses messages arrivaient. vive la technologie !

Bon, maintenant que je suis de retour chez moi, il faut que j'oeuvre pour mon prochain voyage !

3 novembre 2017

A l'assaut du Puy Mary

Pourquoi le Puy Mary ?
Lorsque j’étais petit, j’ai beaucoup roulé avec mes grand-parents dans le Massif Central. A 18 ans, j’ai traversé la chaîne des volcans d’Auvergne à pieds et j’en ai gardé un très bon souvenirs.

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Premier jour :

5h50 : je n’avais pas mis mon réveil à sonner hier soir et comme le sommeil s’enfuit, j’en profite pour m’étirer et m’habiller tranquillement. Il est 7h30 lorsque j’enfourche  mon vélo et moins d’un kilomètre plus tard, je me rend compte que j’ai oublié mon antivol. Habituellement, il me sert à attacher mon vélo lorsque je vais faire les magasins mais ce ne sera pas le cas pour ce périple où j’ai tout misé sur l’autonomie ; en tout, deux semaines de vivre dans mes sacoches en plus de ma popote, mes habits et mon matériel de bivouac.

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En temps normal, je pars avec mes cartes papiers et un carnet où est noté mon itinéraire mais ce coup-ci, je mise tout sur mon GPS. Sur de petits tracés, j’ai remarqué que le GPS me permettait de découvrir de nouveaux sentiers mais sur un long tracé, étant donné qu’il n’a pas de fond de carte, allait-il me guider correctement ?

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J’emprunte la voie verte qui démarre à seulement 10 kilomètres de chez moi et qui me mène directement à Chateaubriant. Ensuite, j’emprunte un dédale de petites routes jusqu’à Anetz en passant par les marais d’Ancenis mais c’est incroyable le nombre de voitures que l’on peut croiser dans ces marais. Que viennent faire tous ces automobilistes sur ces petites routes où l’on ne passe pas à deux de front ???

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A partir de là, je suis la Loire jusqu’à Ingrandes pour aller ensuite me perdre dans le pays des Mauges (ça monte et ça descend ce qui me donne un aperçu de ce qui m’attendra plus tard).

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Il ne manque que la parole à mon GPS car, en plein descente, je devais tourner à gauche mais je n’ai entendu le bip que bien trop tard, quand j’entamais la côte et je n’ai pas voulu couper mon effort. Arrivée en haut, je me retrouve face à une chapelle, Notre Dame de Charité, qui porte bien son nom. Il y a tout ce dont un cyclocampeur averti comme moi attend d’un tel lieu ; des tables de pique-nique, un point d’eau et des toilettes. De cet endroit démarre un chemin qui mène tout droit à Chalonnes sur Loire.

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La nuit a déjà envahi le paysage et je n’ai que 150 km au compteur. Je vois mon objectif de rouler 200 à 250 kilomètres les premiers jours pour rejoindre les montagnes se noyer dans l’obscurité. Je me demande si rouler aussi chargé avec une côte cassée n’influerait pas sur ma mauvaise performance mais l’urgence du moment est de trouver un bivouac où passer le reste de la nuit. Je suis le Layon jusqu’à Rablais sur Layon pour enfin y accrocher mon hamac et me glisser dans mon sac de couchage.
Km 175 :
Arrivée de nuit sur mon premier bivouac, je ne retiendrai que le carillon du clocher de Rablay sur Layon. J’y retournerai dans un prochain voyage pour enfin mettre une forme sur ce clocher qui a bercé ma nuit avec son joli carillon. Malgré tout, ma nuit fut mouvementée. A 1h15, j’entends la voix d’une personne mais il n’y avait personne. Un rêve ??? A partir de 3 heures les arbres se sont mis à imité la pluie avec leur feuillage, certainement pour m’avertir que le brouillard tombait et que je risquais de finir trempé. A 5 heures, une goutte d’eau reçu sur le visage me réveille à nouveau. Certainement une goutte qui s’est formé sur une feuille avec le brouillard et qui a fini par me tomber dessus (les arbres m’avait prévenu). J’ai froid aux pieds, j’en profite pour mettre mes chaussettes. Une heure plus tard, ce sont les voitures qui me réveillent et je me lève finalement à 7 heures.

Deuxième jour :

Comme souvent quand je voyage, mes deuxièmes journées sont laborieuses. Le corps doit se remettre en route, le mental doit trouver les bonnes connexions et je dois gérer l’effort au mieux.

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Donc, comme à son habitude, je me demande ce que je fais à souffrir sur une selle de vélo mal réglée (j’ai malheureusement oublié la clef pour la régler) alors que j’aurais très bien pu méditer dans mon grand jardin, malheureusement pas assez grand pour mes trois femmes qui aiment venir me poser des questions au milieu de ma méditation.

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Je commence par les coteaux du Layon dans le brouillard, cela semble magnifique mais il faudra que j’y retourne par beau temps. J’enchaîne avec les coteaux du pays de Saumur, là encore dans le brouillard mais en haut des coteaux, on aperçoit un paysage magnifique et comme pour tous les coteaux, ce sont des montagnes russes. Enfin, j’arrive dans le pays Loudunais. Par endroit, c’est un désert mais plus on s’approche de Loudun et plus c’est vallonné avec une vue exceptionnelle sur la vallée de la Loire (et la Loire elle-même ainsi que la centrale nucléaire de Chinon).

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A Loudun, je me dirige vers la ligne verte en me disant que je dormirai à proximité de Berthegon mais je vais pousser jusqu’à Lencloître. Sur la ligne verte, je m’arrête observer un groupe gonfler une montgolfière mais là encore, je file car la montgolfière est crevée et ils doivent la dégonfler pour la réparer. A Lencloître, j’installe mon bivouac dans un bois derrière le cimetière.

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KM 181
Je dors mieux que la nuit précédente mais je dois encore améliorer mon bivouac. J’ai la visite d’un chevreuil dans la soirée qui s’est longuement demandé ce que je pouvais faire ici. Un autre visiteur est venu squatter sous mon tarp, un moustique. Même s’il ne m’a pas piqué, le bruissement de ses ailes altéra sensiblement mon sommeil.

Troisième jour :

Je me lève à 7 heures alors que j’aurais bien voulu rester plus longtemps à dormir mais le sommeil s’en était allé et il fallait que je fasse un brin de toilette avant de repartir pour chasser les sueurs nocturnes, petit-déjeuner et à 8 heures sur le vélo en direction de la Vienne. Je plonge à nouveau dans le brouillard et lorsque je monte sur les hauteurs, je peux admirer une mer blanche recouvrir en grande partie le paysage.

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Mais, une route barrée me fait quitter le tracé de mon GPS. Sans carte, me voilà parti à l’aventure sur les routes de la Vienne n’essayant même pas de retrouver ma trace GPS, le moral a fuit certainement de l’autre côté.

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Je voulais découvrir une nouvelle voie verte mais l’envie n’est plus au rendez-vous, je me demande même pourquoi je suis là. Je m’arrête à Dissay, mange un peu, découvre des toilettes sèche et allez savoir pourquoi, elle donne envie de continuer surtout qu’à côté, une piste cyclable m’invite à l’emprunter. Je suis curieux de nature alors je vais voir où elle mène.

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Elle suit le Clain puis m’offre en fond le Futuroscope pour finalement déboucher sur une 4 voies. Je traverse et prends une route que j’ai déjà utilisé deux fois cette année.

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Je découvre enfin le village de Bonnes sur les bords de la Vienne et emprunte la petite route qui serpente jusqu’à Chauvigny. Après une petite pause photo, je quitte la Vienne pour me diriger vers la Gartempe que je rejoins à la cité du livre, Montmorillon.

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Je réfléchis beaucoup lorsque je pédale et là, je venais de prendre une décision importante, j’abandonnais mon parcours initial, j’abandonnais mon assaut du Puy Mary.

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Lorsque je suis parti de chez moi, j’ai emprunté voie verte, chemins et petites routes. J’étais absorbé par ma navigation et le pilotage de mon vélo. A partir du moment où j’ai décidé de changer d’itinéraire, j’ai emprunté des routes plus roulante où l’ennui arrive vite.

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Dans ces moments là, mon cerveau s’occupe comme il peut. Il ressasse des souvenirs, invente des histoires, refait le monde, améliore mon quotidien mais quand une petite déprime s’installe, il passe des messages aux muscles de tout le corps et le voyage devient souffrance. Ma décision était prise, j’allais dormir sur les rives du lac de Saint Pardoux, un lieu chargé de souvenirs et j’y passerai une journée de repos pour me ressourcer.

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Lorsque j’arrive sur les rives du lac, il fait noir mais, chose étrange, la lune ne se reflète pas sur ses eaux noires. Il n’y a pas de pêcheurs, pas de camping-car. Je suis seul. J’en profite pour me laver, manger et installer mon bivouac. Le matin, un brouillard très épais m’enveloppe. Des gouttes tombent comme s’il pleuvait. Je me rapproche du lac et, misère, il est vide !

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KM 420
J’ai décidé d’améliorer mon bivouac. Je suis parti avec un sac couchage, un tarp qui n’est autre qu’une bâche de 2 mètres sur 3 et une couverture de survie. J’installe mon hamac, le recouvre de la couverture de survie que j’attache au niveau des pieds avec le lien du hamac et lie les pans de la couverture qui pendent entre eux avec des épingles à linge, de sorte que la couverture de survie puisse coulisser comme une chaussette sur une jambe. Je garde la bâche au cas où il pleut, j’ai un peu la flemme de l’installer.
Ma chaussette de survie me permet de m’endormir avec des étoiles plein les yeux et je la remonte juste avant l’endormissement. De plus, comme j’ai un hamac en toile de parachute, le froid a tendance à passer et me glacer le dos. Dans cette configuration, je reste au chaud et protéger du vent et des courants d’air froid.

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Quatrième jour :

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Je voulais mettre ce jour à profit pour faire ma petite lessive et me reposer mais le brouillard est si dense et l’humidité tellement abondante que je préfère prendre la route en direction de la côte à travers les petites routes pittoresques de Haute-Vienne, je gravis même les Cieux !!! (Cieux, commune de Haute-Vienne)

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Midi venu, je prépare mon déjeuner dans un sous-bois à l’abri du vent et de la pluie fine.

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Le problème lorsqu’on navigue à l’instinct, c’est qu’il arrive que nous nous trompions de route aussi, en voulant passer par Saint Jean d’Angély avant de rejoindre une voie verte où j’aurais pu dormir et qui me rapprochait de la Vélodyssée, j’ai filé trop avant et me suis retrouvé à Chef-Boutonne.

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J’y connais certaines des routes et du coup, je roule dans une nuit profonde et sous un ciel étoilé à travers le sud de la campagne des Deux Sèvres avant de rejoindre la Charente maritime. Je n’ai toujours pas envie de dormir pourtant la nuit avance.

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Finalement, je décide de trouver un lieu où bivouaquer pour profiter de la journée du lendemain où je devrais atteindre l’océan. 4 essais sont nécessaires avant que je tombe sur ce petit lavoir à l’abri des regards. Je m’y engouffre, sors mon sac de couchage et me glisse dedans. Erreur impardonnable, je ne me suis pas ni déshabillé ni lavé. En itinérance, ça ne pardonne pas. J’ai froid alors que je suis bien abrité et je ne peux pas dormir. 4 heures plus tard, je décide de remonter sur mon vélo et de continuer ma route. Je vais voir un ami sur l’île de Ré, j’y prendrais une douche.

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KM 603
Après avoir essayé de m’arrêter dans une aire de repos où des chiens n’arrêtaient pas d’aboyer, essayé un petit bois avant de me rendre compte qu’il y avait un parking pour chasseurs juste à côté et ne voulant pas me faire réveiller par ce genre d’énergumène, voulu m’arrêter dans un charmant petit endroit mais qui empestait les pesticides, j’ai trouvé ce petit lavoir, juste à côté d’une aire de repos éclairé, près de Saint Félix. Le lavoir étant en retrait, il était dans l’obscurité et surtout bien sec. Si je n’avais pas été aussi prompt à vouloir m’endormir, je ne serais pas reparti de ce lieu à 4h50 le matin.

Cinquième jour :

La délivrance arrive avec le levé du soleil.

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L’océan m’invite à le rejoindre en me faisant respirer son iode bienfaisante.

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Je longe tranquillement jusqu’à La Rochelle puis prends la direction du pont de l’île de Ré.

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J’y arrive en même temps que le pote que je vais visité. Nous déjeunons sur la plage avant de prendre les pistes cyclables qui nous mènent jusque chez lui.

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La nuit venue, après une bonne douche et une bonne bouffe, nous sommes sortis humer l’air marin et compter les étoiles filantes qui étaient au programme avant d’aller se coucher.
Mine de rien, j’ai fait 700 km pour aller voir un pote qui habite à 250 bornes de chez moi …

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Sixième jour :

Nous roulons plus à l’ouest de l’île histoire de la parcourir en entier. Nous prenons des cyclistes en chasse et, je crève. Le copain est heureux que ce soit à moi que ça arrive pour une fois. J’aurais vraiment pu éviter cette crevaison en plus. Elle est arrivée à cause d’un mauvais montage de ma part et il y avait un pli dans la chambre à air qui, avec les kilomètres et la vitesse, l’ont usée au point de se déchirer. Je répare et nous repartons. Le reste de la journée sera tranquille avec une petite visite de Loix à pieds.

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Ce que je retiens de l’île de Ré, c’est que c’est un paradis pour touristes cyclistes ; il y a des pistes cyclables partout. Malgré tout, ça reste axé sur l’automobile et la consommation. Les maisons de bourges sont très mal isolées et l’écologie, je ne sais même pas s’ils connaissent ce mot,

Septième jour :

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J’entame mon retour avec un vent à décorner les bœufs. Je grignote plus que je ne mange toutes les heures environs.

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Je rencontre un couple de femmes avec une fillette de 10 – 11 ans qui remonte la vélodyssée jusqu’à Roscoff pour y prendre le ferry pour l’Angleterre. Elles ont de superbes peau de mouton que j’aurais aimé avoir par ce temps frais et venteux. Je leur indique la route pour aller en direction des Sable d’Olonne et je file à travers le marais poitevin. Je traverse ensuite la Vendée avec un mince espoir d’attraper le dernier bac pour traverser la Loire.

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Finalement, je m’arrête dans un bois proche de Saint Mars de Coutais. J’y passe une nuit tranquille avant de me faire réveiller par les chasseurs une heure avant le levé du soleil. Ils canardent à tout va jusqu’à ce que la lumière du jour fasse son apparition. En pleine période de migration et juste à côté du lac de Grand-Lieu, je plains tous ces volatiles.

Huitième jour :

Après un réveil en fanfare, je reprends la route en direction du Pellerin. Je passe sur des chemins qui m’amène jusqu’à l’Acheneau, un cours d’eau qui coule dans les deux sens suivant les besoins du lac de Grand-Lieu ou pour désengorger la campagne lors de crue. Malgré une autre déviation, j’arrive au bac et traverse la Loire en direction de Couëron.

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Ensuite, c’est la route du retour au bercail. Je suis pressé de rentrer mon retrouver le confort de ma maison mais je ne dois pas non plus abusé de mes forces alors je fais des pauses régulières et roule à vitesse modérée. Je fais la rencontre d’un homme qui a l’habitude de passer ses vacances aux Angles dans les Pyrénées. A la fin de l’été, il a acheté un VTT électrique à l’agence de location car, comme il m’explique, ils achètent des vélos neufs avant les vacances et les revendent à la fin de la saison. Son VTT n’a que 400 km et il va lui permettre d’aller gravir les sentiers montagneux plus facilement.

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Enfin chez moi et je ne compte pas repartir avant un moment. Ce voyage, même si j’ai découvert des nouveaux endroits, ne m’a pas apporté ce que j’attendais. Je ne l’ai pas apprécié à sa juste valeur. J’y ai connu moins de galères que lors de mes précédents voyages et pourtant, l’envie de rouler n’a jamais été au rendez-vous.

23 octobre 2017

Départ demain

Me voilà dans les starting-block, malgré la douleur d'une côte cassée, cassée lors d'une chute la semaine dernière, je ne peux me résigner à rester tranquillement à la maison. Les sacoches se remplissent. Je fais ma check-list et tente d'évacuer le stress d'avant départ. Demain, je serai sur la route ! 😁

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18 mai 2017

Retour du Limousin

Le retour commence avec une demi-heure de retard. Un voisin de la grand-mère de nos filles, ancien cyclotouriste, tient à nous faire voir ses deux vélos dont celui avec lequel il effectua son Paris-Brest-Paris.

Nous roulons bien, déjeunons à Ambazac et arrivons au lac de Saint Pardoux en début d’après-midi. Baignade et jeux sont au programme.

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Le lendemain, la chaleur s’invite à la fête. Nous découvrons de magnifiques petites routes qui nous permettent d’éviter Le Dorat, Montmorillon et son flot de véhicules à propulsion. Le soir, nous sommes de retour à Antigny et comme les moustiques sont absents, nous en profitons pour dormir à la belle étoile ; une première pour nos filles mais elles adorent regarder le scintillement des étoiles ( c’est autre chose que la télévision ).

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Il faut désormais composer avec la chaleur (40°C), rouler le matin, s’abriter l’après-midi et rouler de nouveau le soir pour trouver un endroit où bivouaquer. Une nouvelle dispute entache cette expédition mais elle stoppe nette lorsqu’un bruit de sifflement s’échappe de la carriole. A l’allure où nous roulons, nous aurions dû arriver à Chatellerault à onze heures malheureusement, les pneus de la carriole rendent l’âme et, dans un dernier souffle, nous échouons devant la mairie de Pasay-le-Sec. Discussion avec monsieur le maire qui arrive au même moment et nous apprend qu’il y a un Géo Trouvetou qui peut nous dépanner. Par chance, il a un vieux pneu en vingt pouces, ce qui nous permet de continuer notre route. Juste avant d’arriver à Chatellerault, à Targé, nous nous arrêtons pour nous rafraîchir et remplir les gourdes. Abel, que nous ne connaissons ni d’Eve ni d’Adam, nous ouvre les portes de son jardin (d’Eden) et nous déjeunons à l’ombre de son cerisier (merci Abel).

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Petite marche dans le centre Chatellerault pour que Tyfenn puisse se dégourdir les jambes et nous repartons à la recherche d’un vélociste qui ne soit pas fermé. Finalement, un homme assis sur le rebord d’une fenêtre, nous indique qu’il y a un étang avec de l’ombre à côté de Auchan. Direction le supermarché où je trouve deux pneus neufs pour la carriole et l’ombre des arbres de l’étang pour le reste de la journée. Nous dormons le soir à Lencloître, encore à la belle étoile.

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Les moustiques ont levé le camp et ça fait du bien. Nous pouvons donc nous arrêter sur « la ligne verte » sans trop nous faire dévorer. Nous prenons notre temps mais nous roulons aussi plus vite. Avec les fortes chaleurs, il est primordial de passer les après-midi à l’ombre. Ce jour-là, c’est sur une petite aire de repos dans Loudun. Les sacs de couchage s’étant humidifiés par la rosée matinale, nous en profitons pour les faire sécher au soleil. Petite visite de Loudun avec Sélène, une petite glace et on repart en direction de la Loire. Il est 18 heures et il fait encore 40°C. Nous prenons la départementale, roulons le plus vite possible au soleil et nous arrêtons à chaque fois qu’il y a de l’ombre pour nous rafraîchir et nous désaltérer.

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Arrivée à Montsoreau, direction le café en guise de récompense. Un panaché, un Monaco et deux diabolos menthe plus tard, nous reprenons la route pour bivouaquer à Dampierre sur Loire, au même endroit qu’à l’aller. La chaleur m’a tué, je traîne à cuisiner et à monter les tentes.

Le lendemain, nous ne partons pas avant dix heures. Les filles s’amusent au parc, madame fait la vaisselle et je plie le camp sans motivation. Une crise de mademoiselle Sélène fait trembler tout le bois et sa faune lors d’une averse orageuse. Nous attendons sous un pont, à Saumur, que le ciel se dégage avant de repartir. Comme elle prend l’habitude de rouler bon train, ces derniers jours, nous en profitons pour rallonger les pauses et laissons Tyfenn marcher à côté des vélos. Le soir, nous sommes de retour à la Daguenière, sans moustique mais aussi avec le moral dans les chaussettes ; le voyage sent la fin.

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La journée suivante est sans intérêt. Nous roulons pour rouler, pour rentrer, sans conviction aucune. Je n’ai qu’une envie, accélérer pour retrouver mon jardin et Céline, elle, veut repartir dans l’autre sens pour sortir des frontières de notre beau pays. Un manque d’inattention de la part de Sélène l‘envoie au tapis après s’être accrochée dans la carriole ; deux genoux écorchés et une nouvelle crise. Le soir, les canards s’invitent à notre table ; ils ne sont pas très sauvages lorsqu’il s’agit de manger. La Boire de Sainte Catherine est un très bon endroit pour s’arrêter bivouaquer, c’est calme et reposant (quand il n’y a pas de moustique), les habitants sont des canards, foulques, poules d’eau et ragondins (dont un albinos) et il y a des toilettes et lavabos pour tout nettoyer.

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L’avant dernière étape de ce voyage est la plus longue (95 km) et celle où il y a le plus de rebondissement. Il a suffit qu’on détourne les yeux quelques secondes pour que Sélène se gaufre de tout son long, s’écorchant, entre autre, de nouveau les deux genoux. Elle a fait ça en courant après sa sœur à la sortie d’un supermarché. Il faut plus d’une demi-heure pour qu’elle se calme.

Quelques kilomètres plus loin, nous gravissons la côte la plus pentue de notre voyage, 25 %. (Je n'ai pas réussi à récupérer la photo pourtant j'en étais fier d'avoir gravi cette côte avec la remorque, le poid de la gamine et tous les bagages.)

Nous roulons sur le canal de Nantes à Brest et par malchance, Sélène entre en collision avec un ragondin. Plus de peur que de mal mais beaucoup de peur tout de même ! Nous arrivons à la nuit tombée sur les lieux de notre dernier bivouac.

La nuit est paisible et le lendemain nous pouvons rouler tranquillement jusqu’à la maison. Le voyage prend fin.

10 octobre 2016

Voyage dans le Limousin (en famille) partie1

Jeudi 7 juillet 2016, jour du grand départ ; le stress monte ainsi que l’excitation. Départ de l’expédition familiale : Bruc sur Aff pour arrivée à Saint Léonard de Noblat. En tout, 1 000 km à parcourir sur les routes, chemins et voies vertes de l’Ouest et le Centre de la France. La tension monte comme pour chaque voyage. J’avais prévu une révision et un nettoyage complet de chaque vélo mais j’ai fait l’impasse sur le nettoyage des transmissions ; juste avec une simple lubrification, je croise les doigts pour que ça tienne jusqu’au bout.

 

1premier arrêt au bout de 3km

 

2Eglise du Grand-Fougeray

 

Le premier jour nous mène à l’étang de la Provostière, entre la Meilleraye de Bretagne et Riaillé, sous un soleil de plomb et une atmosphère orageuse. Mon choix vestimentaire est mauvais. Mon premier pantalon craque ses coutures au niveau de l’entrejambe. Je finirai le voyage avec mon pantalon de rechange et mes collants de jogging. Première blessure pour Sélène dans un parc de jeux pour enfant qui manque de mettre un terme à notre voyage.

 

3L'étang de la Provostière

 

4Fin de la première étape

 

5Couché de soleil sur l'étang

 

Bivouac sur les bords de l’étang avec les foulques, poules d’eau, canards, grenouilles et autres volatiles et batraciens.

Le début du deuxième jour se passe très bien. Sélène roule correctement et Tyfenn reste calme dans la carriole ; elle me surprend, elle qui a un tempérament très fougueux.

 

La tour carrée d'OudonOudon

 

7Square de Champtoceaux

 

Les choses se gâtent l’après-midi. Les crises à répétition de Sélène plus les coups de soleil et ce temps orageux viennent à bout de ma volonté à continuer. Céline, égale à elle-même, se met en colère prétextant que je ne suis qu’un égoïste. Je prends sur moi et les conduits jusqu’au bivouac suivant. Ce soir-là, c’est soupe à la grimace. Ca tombe très bien, j’ai besoin de me reposer et de réfléchir. Finalement, le voyage continue.

 

8Champtoceaux, toute une histoire.

 

9Vu sur Oudon, de Champtoceaux.

 

Le troisième jour, nous suivons le parcours de la Loire à vélo. A partir de Saint Florent le Vieil, Céline découvre de nouveaux paysages. Personnellement, je trouve cette portion vague et monotone ; c’est plat, ce qui est très bien pour Sélène. Nous nous arrêtons à Ingrandes pour faire le plein de provisions et manger quelques viennoiseries sur le bord de la Loire. Les moustiques, déjà présents les jours précédents, continuent de nous piquer, même en plein jour.

 

10Notre-Dame-du-Marillais

 

11Port de la Possonière

 

12Pause à la Possonière

 

Le quatrième jour, nous abordons un aspect plus touristique de la Loire à vélo, avec le village du Thoureil entre autres, et le sentier de la rive Nord de la Loire nous menant jusqu’à Saumur. La France est en finale de l’Euro. Nous avons peur de ne pas pouvoir dormir de la nuit ; ils ont dû perdre ?!

 

13La Daguenière

 

14Bivouac à la Daguenière

 

15Un château dont j'ai perdu le nom avant Saumur

 

La communication est revenue au sein de la famille mais mon téléphone ne s’est pas rechargé correctement. Je monte les tentes et enfourche mon vélo pour le recharger avant la nuit. La pluie arrive, ce qui chasse les moustiques et met fin à mes aller-retour à vélo. J’ai peur que mon téléphone n’ait pas assez de batterie pour finir le voyage mais il n’en est rien ; un fil abîmé et réparé et mon téléphone se recharge à nouveau correctement grâce à la dynamo moyeu et le régulateur.

 

16Une pause à l'ombre bien méritée

 

17Saumur

 

18La Loire à Saumur

 

Le cinquième jour, nous nous dirigeons vers Loudun en passant par Fontevraud l’Abbaye, par les petites routes. Céline a un coup de blues en quittant l’itinéraire de la Loire à vélo et je suis persuadé que les moustiques y resteront aussi. Malheureusement, cette journée fut pire que les précédentes. Nous ne faisons quasiment pas de pause de peur de nous faire dévorer par ces sales insectes volants. Nous roulons 85 km et dînons tardivement, sur la voie verte, à une dizaine de kilomètres de Chatellerault.

 

19Arrivée sur la voie verte (la ligne verte) qui nous mènera à Chatellerault.

 

Le bruit fracassant d’un sanglier me réveille à 3 heures du matin. Je sors de ma tente. Il grogne. Je lui réponds en parlant. La curiosité s’installe. J’essaie de le voir et je l’entends se rapprocher. Je commence à paniquer. (Qu’arriverait-il s’il chargeait sur la toile de tente où dorment toutes mes femmes?) Je continue de parler et à faire du bruit. Finalement, c’est lui qui a le plus peur et s’enfuit. Je l’entends passer à nouveau deux heures plus tard mais il ne s’attarde pas.

Le sixième jour, Sélène fatigue. C’est compréhensible, nous avons fait de grosses étapes et elle s’amuse dans tous les parc pour enfants dans lesquels nous faisons halte. Je fais en sorte qu’elle canalise sa fougue pour qu’elle puisse continuer le voyage dans les meilleures conditions. Nous changeons aussi un peu l’itinéraire prévu et allons nous tremper les pieds dans le plan d’eau d’Archigny.

Les côtes que nous abordons depuis la sortie de Chatellerault fatiguent les organismes. Sur chaque sommet de colline, nous apercevons de gros nuages noirs se rapprocher. La température tombe et les averses débutent. Nouvelle crise de Sélène qui n’aime pas se faire mouiller. Je lui avais pourtant bien expliqué que les voyages aux longs courts ne se font pas toujours au sec.

Nous arrivons à Antigny sans trop nous mouiller (nous avons la chance d’avoir l’abri des arbres pendant les averses) un peu avant 18 heures, ce qui nous permet de nous reposer avant de préparer le dîner et de monter les tentes. Il se met à pleuvoir au moment où je finis de planter les sardines de ma tente. La nuit est longue et réparatrice.

 

20Enfin à Antigny

 

21Pont sur la Gartempe

 

22Ca en fait des km

 

Le septième jour, nous franchissons enfin la limite du département de la Haute-Vienne. Nous suivons la route du tour de France. Nous devons nous bivouaquer à Rancon mais tout le monde étant en forme, nous décidons de continuer notre route. Nous évitons, en plus, le bal populaire et le feu d’artifice prévus ce même jour. A Balledent, le village suivant, les premiers pleurs arrivent avec les premières ascensions. Après une pause et un petit briefing, Sélène prend son rythme au point où je peine pour la suivre. (A 9 ans, elle est capable de semer son père dans des côtes à forts pourcentage et assez longues.) Finalement, nous arrivons au lac de Saint Pardoux à 21 heures, heureux d’y être.

 

23Le Limousin, nous y voilà !

 

24Département de la Haute-Vienne, le plus dur est fait (ou reste à faire).

 

Le lendemain, nous nous dirigeons vers la plage pour une journée de repos mais la météo étant mauvaise, nous décidons de rouler en direction de notre destination finale ; Saint Léonard de Noblat. Sélène mérite grandement son maillot à pois (meilleure grimpeuse). Une journée de repos et ce sera le retour.

 

25Grand-mère, mère et filles.

 

26520 km juste pour l'aller, en seulement quelques jours, premier exploit de Sélène.

 

1 juillet 2016

380 km fini dans la souffrance

Samedi 25 juin, 2h30 du matin, je ne peux plus dormir. Normalement, je devais me réveiller une heure plus tard pour partir rejoindre une amie en Anjou pour faire une petite balade de 30 km à vélo avec un groupe du site "OnVaSortir". Qu'à cela ne tienne, je prends mon temps pour me préparer, j'enfourche mon vélo et je pars avec une demi-heure d'avance sur mon horaire prévu. Je peine à trouver mon rythme alors j'appuye un peu plus sur mes pédales et commences enfin à me sentir bien.

Au levé du jour, la température baisse. Je ne me couvre pas plus que je ne le suis; un souvêtement manche longue plus un maillot léger pour le haut du corps et un cuissard court pour le bas. Je ne réduis pas ma vitesse ni mes efforts et attends patiemment que le soleil me réchauffe.

Ma première vraie pause, je l'ai faite en traversant la Mayenne, à Grez-Neuville. J'avais toujours de l'avance sur mon horaire et si je continuais à cette vitesse, je serais arrivé au rendez-vous à 11h30. J'aurais ainsi le temps de déjeuner et de faire une sieste avant que tout le monde n'arrive, à 14h30. Ma nuit ayant été courte, seulement deux heures de sommeil, la sieste serait la bienvenue.

La balade de 30 km à vélo devait être un safari photo mais une seule photo s'enregistra sur mon téléphone et en plus, elle y restera car elle doit faire parti de mes fichiers abîmés; impossible d'envoyer par mms ou de mettre sur mon ordinateur. Ce sera donc un safari photo sans photo.

monvélo

Mon vélo version bikepacking

Après un bon pique-nique où j'avais oublié mon gâteau à la rhubarbe, je repris la route à 19h; direction la Loire et à Angers, retour à la maison. Mon but était de rouler 400 km en moins de 24 heures mais, avec le pique-nique qui s'était éternisé, j'avais pris beaucoup de retard, de plus, je me battais contre le vent. J'ai roulé aussi vite que j'ai pu jusqu'à 23h30 environ, peut-être un quart d'heure de plus mais, avant minuit, mes forces disparurent. Je roulais sur la réserve et il me restait moins de 80 km. Les jambes tenaient le coup mais je m'endormais. Je luttais pour tenir sur mon vélo mais mes paupières se fermaient régulièrement et de plus en plus longtemps. Il fallait que je m'arrête et que je me repose, que je dorme un peu avant de repartir. Il faut dire que j'ai du bol car à chaque fois que je pars sur ce genre de virée, il se trouve qu'il y a des fêtes partout; pour dormir, ce n'est vraiment pas l'idéal. Je continuais donc jusqu'à trouver, enfin, un banc au sec et à l'écart de la populasse. Je m'endormais pour un cycle de sommeil (1h30) et après quelques étirements et une petite marche pour me réveiller, je repris la route. J'avais déjà roulé 340 km et il m'en restait 40 pour rentrer. En temps normal, en deux heures, j'étais chez moi mais la fatigue me rattrapa rapidement et je dûs de nouveau me coucher.

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Halte nautique de Port de Roche

Mon dernier réveil se fit sur le bord de la Vilaine, à ce moment, il ne me restait plus que 18 km. Le soleil ayant fait son apparition, il raviva mes forces mais ce n'est pas pour ça que je battis un record de vitesse.

Du coup, il me fallu 6 heures pour parcourir les 40 derniers km. Etant parti la veille à 3h35, je mis plus de 24 heures pour ce parcours où je rentrais à 7h30.

En conclusion, je suis capable de rouler 400 km en moins de 24 heures mais cette année, c'est l'année des défis ratés !

17 mai 2016

Flèche Limousine

En préparation de notre voyage d'été, je suis parti reconnaître le chemin que nous allons emprunter. Départ de bonne heure après un bon petit déjeuner. Les sacoches sont pleines. L'homme est motivé et le temps semble sourire à ce projet.

100_0377Petits pains au lait fait maison; ils tiendront les 4 jours de voyages.

100_0378N'ayant pu installer le low rider, j'ai enlevé les sacoches avant. Il reste la sacoche de guidon pour le petit matériel (appareillage électronique, entre autres).

100_0379Dans la sacoche de droite, le couchage et des habits de rechange, dans celle de gauche, les victuailles et au milieu la tente qui a passé 1 000 km accroché sur le porte-bagage sans en bouger.

 

1er jour : Bruc sur Aff - Cussay (292 km)

 

Je suis parti sur des routes que je connaissais bien, des rêves plein la tête, pressé d'être déjà au moins 100 km plus loin. Le temps ne semblait pas bouger. Le vent ne voulait pas m'embêter. L'idylle pouvait commencer !

 

IMG_20160512_111955Première halte

Pour notre première halte de cet été, deux options s'offre à nous. Il faudra que j'y retourne pour étudier ça de plus près. Ce n'est qu'à 70 km de la maison, ce n'est pas trop loin. De ces deux options, le choix de l'itiniraire du jour suivant se jouera. J'aurais peut-être un peu plus de km à pédaler pour trouver le meilleur itinéraire mais comme ça me fait prendre l'air, ça me donne le sourire.

A l'approche de la Loire, le temps devient plus menaçant. Des gouttes d'eau se font sentir; la pluie s'inviterait-elle au voyage ???

IMG_20160512_124716Un vélo pour géant ;)

IMG_20160512_125918Saint Florent le vieil vu du côté de Varades

IMG_20160512_131304Pause déjeuner à Saint Florent le Vieil

J'avais décidé de déjeuner sur les bords de Loire. Il était 13h lorsque je traversa celle-ci. J'avais déjà essuyé quelques petites averses. En fait, elles étaient de plus en plus nombreuses au fur et à mesure que je m'approchais de la Loire. J'eus de la chance de déjeuner au sec car il a plu avant mon arrivée et il a plus quand je suis reparti.

IMG_20160512_134559Ingrandes

La Loire m'a vu naître, elle m'a vu grandir et j'espère qu'elle me verra aussi mourir. Elle et moi, c'est une grande histoire d'amour. Je ne me lasse pas d'admirer ses paysages magnifiques. C'est un passage incontournable lors de mes voyages; que ce soit à sa source ou son estuaire.

IMG_20160512_152335Au sud d'Angers; dépaysement garanti et surtout un havre de paix pour qui veut s'éloigner du tumulte de la ville.

IMG_20160512_175528Option Loire à vélo par la rive nord de la Loire.

IMG_20160512_181023Toujours les bords de Loire; s'il n'y avait pas la route avec le passage des voitures juste au dessus, on se croirait ailleurs, dans une autre contrée, un autre monde ...

Je remonte encore et encore la Loire, me rappelant les souvenirs de mes anciens passages et repère les lieux de bivouac que j'ai coché sur la carte. J'en enlèverai un qui trop près d'un camping.

Je traverse le sud d'Angers (les parties routières) en accélérant. Je n'aime pas l'excitation citadine, elle me stresse. La pluie reste fine mais bien présente. Je suivrais bien les panneaux de la Loire à vélo car c'est par là que nous passerons. Je repère les points d'eau, les toilettes et les boulangeries (non, je ne suis pas gourmand !!!)

A Gennes, nous nous ravitailleront pour le bivouac du soir que nous ferons de l'autre côté de la Loire, à Rosière sur Loire. Il y a un parc pour enfant et ensuite, nous pourrons nous installer tranquillement sur les bords de Loire avant de reprendre notre route ... Le chemin suit la Loire jusqu'à l'entrée de Saumur. Ce fut un plaisir de le découvrir car oui, je découvrais la rive nord de cette partie de la Loire. Mon côté VTTiste s'est bien amusé pendant ces km de sentiers de sable, cailloux, herbes, terre, boue et pavés (cette été, avec la remorque, ce sera plus délicat à aborder).

Saumur, je traverse sans me tromper de route, pour une fois. Je fais un repérage rapide. Nous nous attarderons plus longuement cet été et je connais cette ville depuis mon plus jeune âge (même si je m'y perds toujours). Je continue le long de la Loire. Si j'ai bien calculé, nous n'aurons pas plus de 2 km de route à partager avec les voitures mais ça nous évitera de grimper dans les coteaux. Nous aurons notre lots d'ascensions dans le Limousin.

Je m'arrête à Savigny en Véron pour dîner. Il doit être 20h ou 20h30, 220 km au compteur. Deux choix s'impose à moi; rester sur place, me reposer et repartir frais et dispo demain ou continuer. Seulement 220 km au compteur ... J'avais prévu 250 km minimum par jour. Je crois que ce fut ma première erreur; reprendre le vélo et rouler jusqu'à ce que la nuit m'enveloppe de son sombre manteau et la pluie me transforme en serpillière.

En traversant Chinon, j'ai pu apprécier son architecture. Il est clair que nous allons y passer quelques heures cet été ...

La nuit est là, accompagné de dame pluie et monsieur vent. Je suis sur une terre inconnue. Je ne trouve pas d'abri et donc j'hésite à sortir ma carte. Je finis donc par me tromper de route. Je n'aime pas faire demi-tour. Je prends une petite route pensant rattraper mon itinéraire. Ca descend dure. Je croise les doigts pour ne pas avoir à la remonter. Debout sur les freins, je viens d'atterir dans un chemin de terre. Le vélo part de travers. Je contrôle, crie intérieurement. Je ne veux pas me payer cette côte descendue si vite. Je suis curieux. Je continue sur le chemin, de nuit, sous la pluie. Il mène bien quelque part ??!!! Il débouche sur une route. Je prends à gauche puis aperçois des panneaux derrière moi alors je fais demi-tour. Ce que je lis sur ces panneaux à remonter des souvenirs datant d'un an, quand je commençais à dessiner l'itinéraire de ce futur voyage à vélo en famille en Limousin. Je ne suis jamais venu auparavant mais comme je m'étais penché sur la possibilité de prendre les circuits locaux pour éviter les grands axes, je découvris avec bonheur que j'allais dans la bonne direction. Bon, j'aurais dû continuer tout droit en arrivant à Sainte Maure de Touraine mais parfois, je ne contrôle pas tout ce que décide mon cerveau. Il ne doit pas être loin de minuit et je trouve un couple en train de fumer leurs clopes sous le porche de leur maison, je suis dans une impasse donc voir un randonneur à vélo passer devant chez eux les a surpris un peu mais j'ai tenté ma chance et grâce à eux, j'ai retrouvé ma route. Même en retournant sur mes pas, je n'arrivais plus à me souvenir d'où je venais; la fatigue oeuvrait !

A chaque village, je cherche un abri. A Sainte Maure de Touraine, il y avait trop de lumière et surtout trop de gens éveillés. Village après village, je ne trouve pas d'abri où je pourrais passer la nuit et pourtant, je peine à rester en équilibre sur mon vélo. La tenue de pluie m'a donné chaud mais à chaque coup de vent, le froid me glace les muscles. Cussay, je tourne et retourne dans les rues du village. Un seul abri de bus avec un banc même pas assez grand pour que je m'y allonge. Je m'y installe quand même. Je serais dérangé la pluie, les rafales de vents, les quelques voitures et camions qui passaient par là. Finalement, même si j'y suis resté 2h30, j'ai dû me reposer seulement 10 minutes.

 

2ème jour : Cussay - Saint Léonard de Noblat (260 km)

Il est 4 heures du matin quand je repars tout mouillé et à peine reposé de la vielle. Direction le Grand Pressigny où débute une véloroute devant me mener à Le Blanc sur "la voie verte" (c'est son nom).

IMG_20160513_061142L'Aigronne au point du jour; le Grand Pressigny.

Si j'avais roulé 13 km de plus, j'aurais trouvé refuge au Grand Pressigny mais fallait-il le savoir ...

Je suis sur la soit disant véloroute qui, en fait, est intégrée dans plusieurs boucles de vélo promenade locales; d'abord la 11, ensuite la 6 et ... Je me suis perdu. J'ai fini par activer ma connexion internet et remarquer que j'étais à plus de 10 km de la voie verte que je cherchais. Je décide de couper et de la rattraper plus loin mais toutes les routes menant à ma destination sont barrées. Grrr !!! Pluie, vent, voitures ... Je me retrouve sur une départementale roulante pour retourner sur Le Blanc. Je récupère finalement la voie verte. Jusqu'à Ruffec, c'est un revêtement roulant qui me permet de me reposer tout en pédalant mais après, trous et cailloux viennent accroître ma fatigue. A Ciron, je vois enfin une boulangerie (nombre de villages traversés se trouvent orphelins de boulanger, c'est dur pour le voyageur affamé ou qui veut se remonter le moral avec une petite gourmandise). J'ai fait mon gourmand, j'ai englouti deux pains au chocolat, un pain suisse et un pain au raisin; j'ai abusé !

IMG_20160513_083331"la voie verte" avant Le Blanc.

"La voie verte", je l'ai trouvé avant Le Blanc, à Tournon-Saint-Pierre, pas sans difficulté ... Je l'ai quitté à Pouligny-Saint-Pierre pour essayer de trouver une boulangerie et c'est à ce moment où j'ai commencé à pendre la mauvaise direction. Mais, je l'ai reprise à Le Blanc. Sur la photo, on verrait presque la pluie tomber. C'était risqué de sortir le téléphone avec cette pluie mais je voulais cette photo.

IMG_20160513_121907Saint Gaultier et la Creuse, avant d'arriver à Argenton sur Creuse.

IMG_20160513_121921Dernier pont traversant la Creuse et fin de la voie verte.

Arrivée à Argenton par des petites routes que je ne connaissais pas. Franchement, elles valaient le détour. Je n'ai pas pris de photo voulant laisser la surprise de la découverte à ma petite famille cet été mais nous n'y passerons pas. Cette "voie verte" est affreuse. Elle est parfaite pour le baroudeur que je suis mais quasiment impraticable pour une famille avec carriole et jeunes enfants. J'y retournerai peut-être pour prendre des photos ...

Sorti d'Argenton par une départementale fréquentée, direction Eguzon et le début des festivités. Première vraie ascension ! Je suis fatigué, crevé, mort et pourtant, j'ai le sourire au lèvre, le soleil au coeur (malgré la pluie qui tombe toujours) et j'avale cette pente avec bonheur malgré la charge de bagages.

IMG_20160513_145956Crozant

Arrivée à Crozant, je fais une pause; d'abord photo puis pour me restaurer. Crozant devait être un passage obligé pour cet été mais il n'en sera rien. C'est un détour trop périlleux pour une famille.

Je repars donc en direction de La Souterraine par les petites routes. Les jambes ont mal, très mal et ça grimpe. La pluie redouble d'intensité. Je cherche des abris mais apparemment, dans le Limousin, les abris, ils ne connaissent pas. Mes freins lâchent dans une descente. Je les tourne, les bricole et repars. Je vois la gomme partir à vitesse grand "V". Vont-ils tenir ? J'ai aussi compris pourquoi ils ne coûtaient pas chers quand je les ai acheté. Quand je rentrerai, je mettrai de nouveaux patins de freins plus de haut de gamme ... Si je rentre !

La pluie, la fatigue, les freins, les pneus qui n'aiment pas la pluie et les parties grasses de la route me font perdre tout cet engouement que j'avais à venir en Limousin pour enfin me faire quelques ascensions et quelques descentes de malades.

Je suis trempé jusqu'au os mais le pire, c'est qu'à mon dernier arrêt, j'ai mal remis le bas de mon pantalon de pluie et toute l'eau a coulé dans mes chaussures. Il me reste 600 km à faire avec les pieds humides. J'aime les galères en voyage mais celle-là, je m'en serais bien passée. D'ailleurs, elle me portera préjudice bien plus tard, à 10 km de chez moi, où un mal de pied m'empêchera de continuer de pédaler (après un km à marcher à côté du vélo, je pus remonter sur mon vélo et rentrer)

A La Souterraine, je me refugie sous le porche du bâtiment du cirque Valdi. La pluie tombe drue et n'a pas l'intention de s'arrêter. Je mange un peu, essaie de me reposer malgré le flot incessant de voitures et prends mon courage à deux mains pour remonter sur mon vélo. Je connais La Souterraine, je prends donc les toutes petites routes pour en sortir mais là, des voitures y circulent. A La Souterraine, tout se fait en voiture ...

Bénévent l'Abbaye, je trouve un refuge juste à côté de l'abbaye, à l'abri des regards mais, malheureusement, la toiture est en très mauvaise état et je ne pourrais pas y passer la nuit. Après avoir dîner, je décide donc de reprendre la route. Dommage, que cette pluie m'est mis le moral dans les chaussettes (trempées) car c'est la partie de ma virée que j'attendais, j'allais enfin avoir du dénivelé.

La pluie, toujours la pluie ... Grimper n'est pas toujours chose aisé pour le cycliste. Lorsqu'on rajoute des bagages, on augmente la difficulté et on doit développer plus d'effort alors lorsqu'on a une tenu de cosmonaute, le corps surchauffe rapidement. Il a fallu que je régule au mieux mes efforts si je voulais continuer et comme je ne voulais pas rester au milieu de nulle part sous la pluie, j'ai levé le pied dans les ascensions et j'évitais de prendre trop de vitesse dans les descentes; pour éviter de prendre froid, parce que mes freins ne freinaient presque plus et mes pneus glissaient toujours autant.

Arrivée à Champtnétry, je devais passer la nuit chez un ami mais minuit sonnait que je passais devant chez lui et il dormait alors je suis parti à la recherche d'un endroit où passer ma nuit. Finalement, je dormirais sous le square de Saint Léonard de Noblat, enfin, sur ses marches, le seul endroit de sec et à peu près protégé du vent lorsqu'on s'y allongeait. J'ai réussi à dormir deux cycles d'une heure et demi, avec un réveil entre les deux, ce qui me permis de récupérer suffisamment pour reprendre la route à petite vitesse.

 

3ème jour : Saint Léonard de Noblat - Thuré (169 km)

Direction Ambazac, à jeun. Pourquoi à jeun ? Je voulais tester et je n'avais pas envie de déballer mes affaires ! Arrivée à Ambazac, j'ai dû faire une pause de 5 minutes sinon je m'écroulais. Je me mis ensuite à la recherche d'une boulangerie; une envie de pain au chocolat et pain au raisin. Même à Ambazac, les boulangeries artisanales ont fermé mais, malheureusement pour eux et heureusement pour moi, une boulangerie industriellement y a ouvert ses portes. Les prix sont moindres mais la qualité aussi. Du coup, je me suis arrêté dans une supérette pour m'acheter une gâche aux pépipes de chocolat et deux tablettes de chocolat noir aux noisettes. Comme j'avais une heure à battre avant l'ouverture de la superette, j'en ai profité pour nettoyer les dégâts causés par la pluie et le bicarbonate de soude (j'emmène toujours un flacon de bicarbonate de soude avec moi car ça sert à tout mais à chaque fois, le flacon s'ouvre, pourtant ils sont durs à ouvrir). Le régulateur USB2BYK tout neuf et les accus ont morflé. J'enrage ! Du coup, mon téléphone ne se chargera plus correctement et pire, il se déchargera. Il succombera après Angers ! (Je l'ai ressuscité en arrivant chez moi.)

IMG_20160514_071436Le Taurion, après Saint Martin Terressus

Nous sommes samedi. Météo France avait annoncé des éclaircies. Entre 8h et 9h, j'ai aperçu le soleil mais à 9h, il s'est remis à pleuvoir. Je voulais aller mettre les pieds dans l'eau au lac de Saint Pardoux, ce sera pour une autre fois. D'ailleurs, il n'y avait pas un chat ... C'est rare !

IMG_20160514_120323Traversée de la Gartempe.

IMG_20160514_120334La Gartempe

IMG_20160514_130209Arrivée à Le Dorat

IMG_20160514_130655Collégiale Saint Pierre

IMG_20160514_130708Colégiale Saint Pierre

IMG_20160514_130715Collégiale Saint Pierre

IMG_20160514_131313Le Dorat, l'Ostension

IMG_20160514_131346Le Dorat, parement des entrées pour l'ostension.

Je continuais ma route sur le retour avec la sensation d'oublier quelque chose. J'avais envie de plus mais je ne pouvais pas. La fatigue m'a empêché de réfléchir correctement et finalement, je rentrais. Où était passé l'aventurier ?

Je continuais tout de même ma mission première, faire du repérage pour le voyage de cet été. Mais il faudra que j'y retourne car la départementale qui relie Le Dorat à Montmorillon est trop fréquentée et puis, passer par Bourg Archambault serait plus intéressant sur beaucoup de points.

IMG_20160514_151612Haims

IMG_20160514_173318Histoires et contes sont au rendez-vous dans ce pays.

IMG_20160514_191541La Puye

Je m'inquiète pour mon téléphone. Plus j'avance et plus il se décharge. Combien de temps va-t-il encore tenir ? Bientôt Chatellerault, je décide de débrancher le téléphone du régulateur et de laisser uniquement les accus se charger, une fois arrêté, je rebrancherais mon téléphone en arrêtant toutes les applis gourmandes.

J'arrive à Chatellerault par les petites routes et les panneaux m'indiquent la direction des grands axes ou un centre commercial. Il y a une autre direction où rien n'est indiqué mais ma curiosité ne m'y pousse pas. Je comprendrais, après être passé devant le centre commercial et les cités de Chatellerault que c'était la direction non indiquée qu'il fallait prendre. D'ailleurs, il faut aussi chercher pour trouver la voie verte. Je l'ai empruntée à Besse, quelques km après Chatellerault car je ne l'ai pas trouvée avant et encore, rien ne l'indiquait. Chouette voie !!! Il y a des aires de pique-nique avec des parking à vélo. Au bout de plusieurs km, je décide de m'arrêter et de dîner. La fatigue étant de retour, je décide de sortir mon duvet et je m'allonge dans l'herbe, sur le bord de la voie verte. J'avais décidé de repartir après m'être reposé mais j'étais tellement bien que, finalement, j'y suis resté. Je me suis couché avec un ciel gris, en croisant les doigts pour qu'il ne pleuve pas car j'avais étendu mes chaussettes et je me suis réveillé avec des étoiles plein les yeux. Je me suis rendormi et réveillé quelques heures plus tard avec toujours autant d'étoiles dans le ciel. J'étais heureux. Il faisait frais, j'étais au chaud dans mon duvet. Les étoiles m'émerveillaient et les sons de la nuit me berçaient. Je me levais juste avant l'aube et repris le vélo au point du jour.

 

4ème jour : Thuré - Bruc sur Aff (271 km)

 

IMG_20160515_070932La voie verte aux alentours de Monts-sur-Guesnes

IMG_20160515_070940La même voie verte

IMG_20160515_073947Séchage des chaussettes sur cornes de guidon et porte-bagage

IMG_20160515_075004Toujours la voie verte avec du soleil

J'ai merveilleusement bien dormi. J'ai repris la route avec le soleil. Le moral revenait mais j'avais lâché l'idée de continuer mon repérage. Je ne voulais plus qu'une chose, rentrer à la maison. J'ai donc continué la voie verte jusqu'au bout et j'ai ensuite pris la route, jusqu'à Loudun dans un premier temps où je me suis arrêté pour m'acheter mes tablettes de chocolat et de la brioche aux pépites de chocolat (non, je ne suis pas gourmand); j'avais envie de fruits aussi mais dans la nuit, j'ai perdu une des maigres piécettes que j'avais et du coup, je me retrouvais avec très peu de monnaie, il fallait donc faire un choix entre les fruits et le chocolat (non, je ne suis pas gourmand).

Après Loudun, Montreuil-Bellay par la départementale; c'est fou ce que ça peut faire du bien de rouler sur une route avec un bon revêtement. Juste avant Montreuil, je me suis arrêté dans des toilettes publiques pour me changer; j'allais enfin pouvoir rouler en tenue légère ! (Vive les coups de soleil à l'arrivée !)

Je voulais continuer par la grande route jusqu'à Angers mais finalement, je pris la décision de bifurquer en direction de la Loire à Montreuil, malheureusement, je me suis trompé de sortie et je me suis retrouvé sur la route de Saumur, un dimanche ensoleillé, l'horreur en terme de circulation. J'ai repris les petites routes jusqu'à Gennes où j'ai déjeuné avec l'histoire.

IMG_20160515_124340Dolmen de la Magdeleine (déjeuner avec l'histoire)

J'envoyais mon dernier message (texto). Mon téléphone venait de passer en mode économie d'énergie. Je reprenais les bords de Loire jusqu'à Bouchemaine (Angers). Il y avait du monde partout et aussi des vélos (passage obligatoire de la Loire à vélo). Je n'aime pas le monde mais je devais me restaurer avant de repartir. Mon téléphone s'arrêtera quelques km plus loin. Là encore, je pris le chemin le plus court pour rentrer chez moi, la départementale et pour un dimanche, je trouvais qu'il n'y avait pas trop de voitures. J'appris le lendemain que nous étions le lundi de la Pentecôte (ceci expliquait cela).

J'entrais dans un mode automatique (ou presque, l'un de mes accoudoir de mon cintre triathlon venait de casser). Pédalage en rythme suffisamment soutenu, le nez dans le guidon, mon but était de rentrer.

Dernière pause à Candé; j'ai cru à un moment que je ne serais pas chez moi avant 23h et finalement, je roulais à un bon train. J'ai même cru que j'allais rentrer à 21h ou 21h30 mais une pédale se bloqua. Un galère de plus; ça roulait trop bien pour durer. Je suis passé du mode cycliste au mode mécanicien en un rien de temps, ça m'en a même surpris. D'habitude, je tourne en rond à réfléchir et en espérant que ça se fasse tout seul avant de m'y mettre mais là, je posais mon vélo par terre, sorti mes outils (je n'avais pas ma clé pour démonter les pédales alors je l'ai laissée sur sa manivelle). J'ai démonté le contours de la pédale (je me disais à ce moment que si mon téléphone avait encore fonctionné que je me serais amusé à prendre des photos pour faire un petit tutoriel), enlevé le capuchon de mon roulement (je pensais en chier mais il est venu tout seul) et j'ai remarqué que mon contre écrou s'était desserré, du coup, l'écrou principal s'était resserré contre le roulement, ce qui empêchait la pédale de tournait. Je n'avais pas les outils adéquates mais la pédale fut gentille et elle s'est laissée faire. Je suis reparti et j'avais mal aux jambes; mal un peu par l'effort consenti mais surtout par les coups de soleil. Le soleil qui m'avait donné de son énergie pour que je puisse rouler plus vite, me grillait la peau comme si j'étais un poulet qu'il voulait engloutir pour son dîner.

En parlant de dîner, je sautais le mien intentionnellement pour me préparer des crêpes au chocolat en arrivant mais pour cela, il fallait arriver vite, très vite. Les 40 derniers km, je passais sur du gros braquet et je tournais les pédales à environ 90 tours minute. Il me fallait rouler vite, très vite et l'idée de manger de bonnes crêpes au chocolat me motivait amplement. Et pis, je me suis posé une question : vais-je tenir ce rythme 40 km ? J'ai repensé aux crêpes au chocolat !

Arrivée à la Vilaine, il ne me restait que 18 km à parcourir. J'avais mal aux jambes et le soleil venait d'enfiler son pyjama. Il fallait que je rentre avant qu'il ne se mette au lit mais il bu sa camomille et parti se coucher. Aussitôt au lit, aussitôt il tira les couvertures à lui. Un vent glacial vint me rappeler que j'avais mal aux jambes et que j'avais encore les pieds mouillés. D'un coup d'un seul, le vélo se stoppa. Je mis pied à terre. Mes crêpes au chocolat venaient de s'évanouir. Il m'a fallu marcher un bon km pour réchauffer mes jambes et enlever la douleur à mon pied causé par l'eau et l'appuie sur la pédale. Quand je remontais sur mon vélo, je n'arrivais plus à avancer mais je réussi à rentrer un peu avant 22h30, heureux d'être enfin à la maison.

Conclusion

Je vais devoir repartir pour finir le repérage du trajet du voyage de cet été mais ce coup-ci, par beau temps et non sous la pluie. Je partirai en mode bikepacking, c'est-à-dire, moins de bagage pour être le plus léger possible (juste une sacoche de porte-bagage et mon duvet). Légèrement rimant souvent avec rapidité, j'en profiterais peut-être pour me lancer un nouveau défi (300 ou 400 km d'une traite).

Ne plus faire confiance à météo France !!!

Dans l'ensemble, je me suis amusé et j'ai vu de très beaux paysages et c'est surtout pour ça que je pars à vélo, pour les paysages.

J'ai roulé 1 000 km en 4 jours.

Refaire le Limousin par beau temps pour aller m'éclater sur ses "petites pentes" !

 

20 janvier 2016

Flèche ligérienne

Samedi matin, 9h, j'enfourche mon VTT pour un petit retour sur les bords de Loire, histoire de faire remonter d'agréable souvenirs ...

Il faisait froid et les routes glissantes ne purent s'empêcher de me faire comprendre que mes pneus ne suportaient pas ces températures si basses ... Le souvirage à vélo, c'est ... Comment dire ... Le truc qui vous réveille si vous ne l'étiez pas avant. Du coup, en passant dans certaines villes, comme le Grand Fougeray, on me regardait bizarrement car je prenais mes virages bien large.

IMG_20160116_103654première pause pipi, mon vélo me semble bizarre, je l'ai encore modifié.

Avec le soleil, la route fut plus agréable à parcourir sur les vallons de Loire-Atlantique. Je suis repassé par tous les endroits où j'ai vécu et ai remarqué tous ces changements qui souvent, détruisent la beauté naturelle de l'environnement. Je trouve que ça manque de plus en plus de chaleur et de vie, nos contrées, aujourd'hui.

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Deuxième pause, étang des Provostières, l'une des réserves d'eau du canal de Nantes à Brest et aussi notre première halte de notre futur voyage à vélo familiale, l'été prochain.

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Riaillé, vu des hauteurs.

J'ai remarqué, avant d'arrivée sur les bords de Loire, que la campagne, à l'approche des agglomérations en développement, devenait une véritable décharge. On trouve de tous dans les fossés bordant les routes; animaux morts, sacs plastiques, emballages en tout genre, vieux matelas, fringues, polystyrène et j'en passe. Mais le pire, ce sont les menus McDo qui sont jetés directement depuis la fenêtre des voitures; en 200 km, je n'avais pas assez de doigts sur mes deux mains pour les compter.

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le pont d'Ancenis

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La Lune voulait se mêler à la fête.

J'étais heureux d'arriver mais là encore, les changements me firent déchanter. Les pistes cyclables ne sont pas entretenues comme elles le devraient, pire, certaines qui avaient une enrobée, se retrouvent nues. Je me souviens du roller que je faisais avec ma compagne enceinte à l'époque ... Maintenant, il faudrait patiner sur la route et encore, les automobilistes ne veulent pas la partager leur route; après plusieurs queues de poisson, je me suis dit que ce n'était plus une coïncidence, ils ne veulent pas de cyclistes sur les routes. (en quelques années, la mentalité a bien changé)

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La Loire à Ancenis

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Le château de Champtoceaux

IMG_20160116_145032L'église de Oudon, je voulais aussi prendre la tour sur sa gauche et qui fait sa réputation mais mon appareil s'est éteint à ce même moment.

A partir de là, ça sent bon le retour. Il fait froid et je me suis trop couvert, du coup, je transpire au moindre effort et le froid me glace ensuite ... Bizarrement, ici, les cyclistes croisés ne veulent pas me rendre mon salut; serait-ce à cause de mon drôle d'engin ?

Commençant à en avoir marre des voitures, je décide de me rallonger un peu et de prendre le canal de Nantes à Brest. Après avoir bavé devant les 4 boulangeries de Nort sur Erdre, je m'engage sur le halage, pour 80 km.

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100_0235Il y a des passages interminables sur le canal, de longues lignes droites mais c'est plus agréable de pédaler ici que dans le flot de véhicules que l'on retrouve même sur les toutes petites routes. La voiture est devenu envahissante ...

Il faudrait vraiment que j'investisse dans une Go-Pro. Juste avant la tombée de la nuit, j'ai failli être victime d'un accident de la circulation. Deux biches toutes guillerettes, ont failli me renverser pour aller plonger dans le canal. Une fois sur l'autre berge, l'une des deux s'est retournée et m'a regardé d'un air surpris avant de détaller sans demander reste.

Un peu plus tard, une lumière s'approchait dans la nuit qui était finalement tombée. Je croyais qu'un autre cycliste tentait l'aventure canal de nuit mais en fait, c'était une jeune fille avec un panier. Pas très loin derrière, un couple de renards semblaient flairer une piste. Etait-ce l'odeur de victuailles qu'il y aurait pu y avoir dans le panier de la demoiselle ? Toujours est-il qu'ils ont détallé en me voyant.

Guenrouet, Enfin, il ne me reste plus que 60 km. J'étais pressé de rentrer mais l'aventure n'était pas fini. J'allais suivre l'Isaac qui fut en crue encore quelques jours auparavant et je m'en aperçus rapidement. Mon Dakar commençait. Entre Guenrouet et Fégréac il y a un nombre de km assez important et quasiment aucune route pour sortir du halage ... Après avoir porté mon vélo pour passer par dessus un arbre tombé en travers du halage juste après Blain, j'allais batailler pour tenir mon vélo en évitant les branchages et troncs charriés par la crue et me barrant le passage. Maintes fois j'ai failli finir dans l'Isaac, roulant sur une portion large de 50 cm, avec de l'eau de chaque côté et des rats qui attendaient le dernier moment pour me laisser passer. Je tenais fermement le guidon de mon vélo pour éviter de dévisser avec une crainte, devoir faire demi-tour à cause de la crue. Frayeur; les deux roues sont dans l'eau ... Ouf, ce n'était que sur quelques mètres ... Je recroise les doigts, écoute les bruits de la nuit, essaie de me repaître du paysage éclairé par la multitude d'étoiles et continue d'avancer. Enfin Fégréac, je vais pouvoir dé-stresser avant de reprendre la route à Saint Nicolas de Redon.

12 heures après mon départ, je suis à nouveau chez moi, prêt à repartir. 220 km pour retracer une partie de mon passé en me disant qu'il faudrait que je m'équipe mieux pour mes voyages hivernaux mais comme je me dis ça à chaque fois ...

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